Il y a quelques temps, j'ai été confrontée à un truc dingue à vélo... et j'avoue que, même avec du recul, cet épisode qu'on pourrait dire burlesque m'a, en fait, profondément marquée.

Tout commence au niveau de la rue du Rocher.

En gros et pour présenter le contexte, c'est le matin, j'suis partie de chez moi vers 7h45, la circulation n'est pas encore à son plein. J'ai traversé la Seine au pont d'Asnières et là, à chaque passage sur le trottoir, obligatoire car pas de place sur la route..., je m'dis qu'il faudrait que je réalise une série photographique de la vue de part et d'autre du pont mais surtout du côté de la Défense. Il y a une telle vue de là, une telle luminosité, c'est urbain mais beau quand-même ! Et puis à chaque passage aussi, surtout le soir au retour, cela me donne tellement envie d'embarquer... Bref. Donc, je poursuis par la traversée de Levallois, le survol du périph, j'atteins le bd Malesherbes puis Villiers en léger faux plat montant... et là, toc, j'atteins la fameuse rue du Rocher, parallèle à la rue de Rome qui longe les voies de la gare St-Lazare... une PURE DESCENTE comme j'aime !!! C'est là que j'atteins mon record de vitesse les larmes aux yeux... Bref. Alors oui, où en étais-je ?

J'aborde donc tranquillement la rue du Rocher et, habituellement, je passe progressivement les vitesses jusqu'à être à donf... Là, ce matin-là, un gugusse à Vélib' se trouve être à mes cotés, plus ou moins. Je n'y prête évidemment pas attention mais petit à petit, un petit signal imperceptible me met en alerte. Rien de bien conscient. Le gugusse en question me suit, me dépasse mais y met une certaine conviction bizarre. Je n'y prête pas attention, y a pas lieu. Tout de même, quelque chose me gêne mais je ne sais pas quoi. Je le regarde évidemment et le type est on ne peut plus "normal" et quelconque si ce n'est que son faciès au rictus immobile me dérange, me déstabilise. C'est comme s'il avait un masque. Rien ne bouge avec un sourire ridicule et figé. Il me dépasse, revient à ma hauteur, me redépasse et toujours cette face imperturbable... J'oscille entre c'est un "taré" ou un "débile"...

Et puis il devient plus virulent, il me taraude, il me frôle et puis carrément, il me fait une queue de poisson alors qu'on est à pleine vitesse et qu'on arrive au feu fatidique... au croisement où les piétons ont un malin plaisir à traverser sans jamais regarder ni écouter ce qui arrive alors même que le p'tit bonhomme est rouge pour eux ! Je suis éberluée, je le regarde, je ne sais que dire, tout va vite, je lui crie "ça va pas, non ?", "tu te crois où", "mais, t'es débile ou quoi ?!"...

Cela aurait pu être du second degré, une course comique, un échange humoristique, un clin d’œil solidaire et corporatif entre vélocipédistes matinaux... Que nenni ! Je ne sais pas si c'est justifié mais c'est Orange mécanique qui m'est venu à l'esprit ; il m'a fait penser à un aliéné, et c'eût pu être dangereux.

Au final, le plus dérangeant, c'est que je n'ai pas exactement compris ce qui s'est joué là. Toujours est-il qu'au final, j'ai trouvé ça très malsain...