Depuis toujours, je suis empreinte de forts a priori vis-à-vis du "Sud"... Bah oui quoi, j'sais pas, ils sont toujours dehors, ils ont toute l'année le teint hâlé voire tanné, ils se la pètent chaînes en or qui brillent en bmw, ils parlent fort, ils sont superficiels, la côte est moche, dénaturée et construite façon Bouygues et mafia et puis, ils te sifflent dans la rue, ils ont un accent soit disant chantant mais à péter les plombs, surtout quand on comprend rien... ils se prélassent sur des plages sardinesques, pleines de merdes et de seringues, is traînaillent en terrasse au pastis et commentent à perdre haleine les faits et gestes de l'OM... Allez, on renchérit ces médisances plus on va au sud... lorsqu'on ajoute les scooters et vespas qui tirent la bourre dans un vacarme circulatoire de klaxon insupportable et puis les vieilles dames toutes vêtues de noir descendant comme des fantômes d'un autre temps les étroites ruelles de pierre... et, enfin, ces machos qui sifflent encore plus fort...

Un oiseau vu depuis la corniche

Comment passer outre ces clichés discriminants (on peut rigoler du concept sudiste mais si on extrapole au Rital, au Maghrébin... ) ? Première tentative, il y a déjà quelques années, voire une foultitude d'années avec Salomé chez qui j'étais aller passer quelques jours de vacances à Sumène - souvenirs-souvenirs - et nous avions, du coup, un peu visité le coin : Cassis, les Calanques... facile, dans ces conditions, de faire abstraction de tous mes a priori pré-cités ! Puis, 2007 soit mon entrée à Génériques et ma première re-virée à Marseille pour un colloque qu'on organisait sur " Les footballeurs de France au XXe siècle : itinéraires professionnels, identités complexes ", en partenariat avec We are football, à l'Alcazar, Marseille, novembre 2007. S'en sont suivis quelques autres passages furtifs à Marseille, à Aix-en-Provence, à Nice chez Aude & Fred, toujours pour le taf mais sans jamais vraiment en profiter, rester, découvrir, prendre le temps, en avoir le cœur net... mais les germes de l'ouverture et de la curiosité étaient semés... Parallèlement, un copain du CKG, Seurdge d'Argenteuil, ne me faisait que des éloges de cette ville mythique, Marseille... Lui qui dès qu'il peut s'y rend et la connaît par cœur ! Alors enfin, j'ai profité d'un colloque auquel j'intervenais à Aix le 16 nov. 2012, pour prolonger sur le we à Marseille ! Quel bien m'en a pris. Il faut savoir revenir sur ses a priori, se (re)faire une vision personnelle et épurée :)

L'auberge Vertigo Finalement, j'ai aimé le rythme qui découlait du contexte empreint de speed, d'enchaînement et de fatigue. Là, je sentais déjà qu'il fallait que je je me laisser aller, que je me préserve, que je profite, que je sois hors "rendement"... J'allais donc en profiter minute après minute sans autre objectif de rentabilité touristique soit-il... c'est un we que je veux sous l'aune du sensitif, de l'intuitif, du spontané, de l'immédiat, de la coolitude ! Leitmotiv = pause.

1er point, l'hébergement trouvé le jeudi, càd la veille, à l'arrache comme pour tout, sur le net, sans rien connaître et quelle belle surprise : une auberge de jeunesse en deux établissements l'un tout près de la gare Saint Charles et l'autre sur le port. On est vendredi soir, après le colloque à Aix, et je n'ai pas envie du tout de me faire le Marseille by Night ; qu'à cela ne tienne, je me fais la rue de l'hôtel, animée et cosmopolite, un petit kekab à emporter et hop, je reviens à l'auberge, je traînaille dans la cour, pittoresque, je mange, bouquine les guides touristiques, me connecte à mes amis et passe un coup de fil à Bertrand. Puis je finis au bar, forcément, à discuter agréablement avec ma coloc- de chambrée et le barman, étudiant colombien en cinéma, hyper sympa et plein de charme ! Je crois bien d'ailleurs que ma coloc s'en est éprise... C'est très calme, agréable et étrange à la fois, il n'y a que nous trois et je suis la plus vieille mais je ne me sens pas si éloignée d'eux pourtant. Cela m'étonne et m'interroge : si je suis capable de relativiser le fossé entre mes représentations de la jeunesse et la réalité... alors le prochain écueil sera celui de m’accommoder des vieux, grrrr et j'aurais alors un pied dans la tombe :)

Lendemain, pas de pression, pas de réveil, faut que je me reprenne, que je me repose... A midi, je décolle et je ne m'arrêterai plus de marcher jusqu'à 18h30 : descente au vieux port par Noailles, la Canebière, petit tour d'un marché très popu rue des Capucins, les quais côté gauche du vieux port, place Thiers, cours d'Estienne d'Orves et rue Sainte Catherine (?). A nouveau quai Rive neuve, marchands nautiques, arrivée au Pharo, tour du parc, boulevard C. Livon jusqu'à la rue des Catalans où débute cette fameuse corniche. Me v'là donc à suivre la promenade de la corniche mais ô comble du désarroi, je découvre qu'elle n'a non seulement rien d'exceptionnel mais qu'elle est même franchement décevante. Mais si, enfin non, quoi, vraiment pas de quoi en faire un pataquès !! Déjà, grosse erreur sur la marchandise : moi, naïvement, je m'attendais à un vrai chemin côtier, le long de la mer, des plages ou des rochers... bah non, la corniche, ce n'est qu'un vulgaire trottoir bétonné qui longe une route très passante qui, certes, surplombe la mer.

Vue sur la mer depuis la corniche

Ok, outre les villas qui ne m'émeuvent pas un instant et les deux monuments commémoratifs aussi hideux l'un que l'autre que sont la Porte de l'Orient et l'Hélice de César qui ont au moins pour mérite de servir de repère, d'amer, sur le parcours... je concède juste la belle vue sur la mer, les îles de l'archipel du Frioul puis sur l'entrée de la ville...

Vue sur la mer depuis la corniche

C'est pour cela qu'il faut descendre, de temps à autre, dans les anses des Auffes, par exemple, Malmousque ou encore Fausse-monnaie au risque de cristalliser l'effet touristico-pittoresque du tout petit port de pêche ayant gardé son âaaammmeee mais abondant de Marseillais de la Ville pour les soirées de fin de semaine... ou bien de touristes ayant lu n'importe quel guide.

Les anses le long de la corniche

Les anses le long de la corniche Remontant d'une de ces anses, j'ai dû perdre mon sens de l'orientation pourtant réputé de la race GPS... ce qui m'a fait louper le marégraphe mais néanmoins découvrir les quartiers plus huppés d'Endoume et Bompard. Une fois arrivée aux plages du Prado avec vue sur le centre nautique et quelques kayaks en sortie... j'en avais ma dose et il était hors de question de me fader la succession de "plages de ville" dont je ne vois d'ailleurs pas le moindre intérêt.

Je décide donc de rebrousser chemin en remontant le Roucas blanc jusqu'à Notre-Dame de la Garde. De là-haut, très beau panorama sur l'ensemble de la ville à 360°. Hélas, gâchette-photo inappropriée car pas de coucher de soleil ce soir-là... mais "le maître est là et il m'appelle" !

Notre-Dame de la Garde

Retour à l'hôtel par le centre ville, le Palais de justice, le cours Puget, la rue du Paradis, la rue de Rome et le cours Belsunce. J'arrive épuisée, les jambes en charpie.

A partir de là, idem que la veille, pas question d'aller faire la foire dans Marseille by night. Soirée zen, petit tajine à emporter au boui-boui local, réputé bon et pas cher... dégustation dans la cour de l'auberge, coups de fil avec Jérôme, avec Jean, tranquillou quoi ! Rien ne pouvait alors laisser augurer d'une telle nuit aussi originale que surprenante, sans répit... 1e fois de ma vie que je passe une nuit blanche à "sms-er" !! Peu importe le-la interlocuteur(trice) épistolaire... juste quelqu'un de dispo et dans le même état d'esprit que moi. C'est juste qu'à 5h du mat, j'eus aimé dormir mais... dommage, c'eût été possible si mes coloc's de chambrée ne s'étaient avisés de se lever aux aurores et sans précaution aucune pour les pseudo-dormeurs(-euses) et tout ça pour aller prendre un train ou un avion.

Bon ben heureusement que mon we était sous le motto 'repos', 'no stress' !! Le temps de roupiller juste un peu pour dire, de me faire un petit déj avec ma nouvelle co-loc qui - je vous le disais - a dû s'enticher du barman colombien pour réapparaître juste à temps pour prendre un café avant mon départ... à la coole vers midi... ! Il y a quelques avantages à cette vie dévergondée, décalée et tardive, les croissants sont demi-tarif voire offerts :)

Il est quand-même grand temps de décoller et je descends au vieux port en passant par la Chambre du commerce, la Bourse, l'église Saint Augustin, je me fais plein de petites rues avant d'atteindre la basilique Saint Victor.

Basilique Saint Victor et port

De là, je veux rejoindre le côté opposé du port, je longe le quai de Rive neuve puis le quai du port, nom très approprié à défaut d'être original, de l'autre côté. Je marche jusqu'au bout, passe devant les douanes puis un bunker en guise de Mémorial des camps. Je remonte au fort Saint Jean, dépasse l'église Saint Laurent et visite, non loin de là, la cathédrale de la Major.

Cathédrale de la Major

Je me lance dans le quartier du panier, le quartier historique de la ville que j'ai parcouru par toutes ses ruelles.

Rues du quartier du Panier

Évidemment, j'y ai visité le fameux Hospice de la Charité, un vrai petit havre de paix dans lequel je me suis plu à me poser... à manger un plat du jour en terrasse.

Hospice de la Charité

A partir de 16h20, il fallait bien songer à rentrer progressivement à l'hôtel, choper mes affaires à la bagagerie puis enfin le train pour Paris.

Résultat, j'vous l'donne en mille... j'veux y r'tourner pour mieux découvrir, approfondir, aller aux environs, naviguer dans le coin... 2013, Marseille Provence est Capitale européenne de la culture !

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