A défaut d'avoir traversé la Manche et l'ayant bien en travers... l'équipe décide de se réunir pour débriefer, se retourner, se relever, se réorganiser, se défouler et prendre l'air autrement, bref, rebondir et se retrouver ensemble.

Vin chaud des Marmottes Qu'à cela ne tienne, destination Jura, les Rousses, paradis du ski de fond... Séance piscine au CKG, on récupère la voiture de Bertrand (merci !) et hop, départ, jeudi 27 déc. à 10h ! Quelques 5h plus tard, on arrive sous la pluie à la résidence Perceneige, au studio où nous invitent Jean-Claude et Pauline et on se demande où est la neige. Enfin, ça commence à tomber... y en a sans doute suffisamment pour que j'fasse mes premières conneries. Et pourtant, je me gare au pied de l'immeuble, comme Jean-Claude m'a dit, juste devant le magasin de sport. Mais j'ai particulièrement bien choisi l'emplacement : le seul un peu enneigé mais légèrement en dévers... et toc. Impossible d'en sortir, de faire marche arrière, les pneus avant patinent. C'est pas grave, on sort la pelle, on est dans le bain ! Cool, la montagne en hiver, j'adooorre !

Le programme est ambitieux, Jean-Claude est aux manettes. Dès le lendemain, on ne mollit pas, forfait, matériel, option "classique" - moi en micropores et Jean en écailles - choisie pour le 1er jour et en fonction du temps et de l'état de la neige. Hé oui, rien n'est improvisé. Début de ballade "école" puis on pique-nique à un chalet intermédiaire.
Pour ma part, je me sens assez rapidement à l'aise et je retrouve de vieilles sensations. Pourtant je reste débutante et moi aussi plutôt alpine ! J'ai dû faire quelques fois du ski de fond classique parce qu'il y avait que ça d'ailleurs à l'époque, lorsque j'étais petite et que je partais en we de ski avec le boulot de ma mère... départ car-couchette de La Défense, chambrées avec des lits en hauteur, chaussures de ski de fond bleues-grises en plastoque, les pieds toujours rapidement trempés et les orteils gelés ! Pendant ce temps, Jean-Claude me transmet quelques rudiments techniques et, à la fin de la journée, je peux alterner (fièrement, dois-je le dire !) 4 types de pas : le pas alternatif, le pas de 1, le pas de 2... en fonction du terrain et du relief, des conseils et du rythme de Jean-Claude. Bref, toute la journée, je me suis éclatée comme une petite folle à chercher la glisse, à faire ma "bonne élève" comme dit Jean. Je me suis bien défoulée, j'ai craché mon cardio et ça m'a fait un bien fou !
Pour Jean, les choses ont l'air moins aisées, moins naturelles... mais lui, c'est un vrai Alpin, il s'hermétise, il cloisonne, il traîne, il souffle, il en chie :) ! Il s'obstine à ne pas vouloir suivre les rails, heuhhh, pardon les "traces". Cela dit, tout en tirant la langue de plus en plus au fur et à mesure que la journée s'avance, il conserve néanmoins son sang froid et son sourire... jaune. Fin de journée, pour en avoir le cœur net, Jean-Claude nous fait échanger nos skis et là, le constat est irrémédiable : Jean trouve enfin ses appuis et avance plus librement tandis que moi, je perds toute mon assurance, ne parviens pas non plus à trouver mes appuis, à avancer ou très péniblement... Le matériel semble avoir joué un rôle certain dans cette situation différentielle. Toute la journée, le pauv' Jean s'est donc vu injustement taquiné pour sa raideur et son manque d'entraînement (bah, tiens, ça l'motivera peut-être à arrêter de fumer !) et pour parfaire la satire et l'enfoncer plus encore, les écailles étaient censées le servir en rendant le ski moins glissant mais aussi moins technique que les micropores... Arrivés au parking, fin de journée, fin de ballade, le jour baisse, Jean-Claude, par acquis de conscience, essaie à son tour les fameux skis à écailles. Pour lui, pas de soucis... mais lui, quelque soit le modèle de ski, il a toute la technique et c'est la grande différence... Le soir, Jean est sur les rotules, en a plein les jambes, plein les bras et a découvert à quel point c'était un sport complet et très technique.

Aux Rousses

Jean-Claude, quant à lui, m'a époustouflée. Tout non voyant qu'il est, c'est un incroyable guide qui, toute la journée, m'a donné l'illusion d'être avec un monsieur visionnaire ! Certes, Jean-Claude connaît le coin par cœur, il a "visualisé" et mentalisé les différents parcours, les labyrinthes de pistes et de croisements, il n'est jamais perdu. Faut dire, il a fait les Jeux paralympiques de 1994 !! Son style est clairement identifiable, il est d'ailleurs connu comme le loup blanc et repérable grâce à son dossard "non voyant". Il nous en met plein la vue ! Tout cela dans un décor magnifique passant des bois de sapins à des combes dégagées... dans l'une d'entre elle, on peut même y trouver des fleurs polaires !!!

2e jour, on est tous au taquet. Pauline nous a rejoints. Seul Jean est fourbu. On a changé de matos et opté pour le skating. Technique radicalement différente. Là encore, nous sommes débutants. Moi, je n'en ai fait qu'une seule fois, à l'occasion d'un we du 1er de l'an il y a 6 ans à Champagny-en-Vanoise. Je me rappelle avoir vraiment galéré à l'époque (une petite heure) pour démarrer, au point d'en perdre toute motivation jusqu'au tilt et là, c'était parti, le plaisir de la glisse qu'on pense plus dynamique, moins ringarde, plus esthétique - c'est ça le ski nordique ! - et tellement plus sportive que le style classique... Là, rebelote, après quelques exercices éducatifs, nous vl'à partis sur les pentes. Jean s'en sort bien mieux mais paye physiquement les tribulations de la veille. Progressivement, Jean-Claude ne lui administre plus de conseils techniques auxquels il n'est, de toutes façons, plus réceptif.
Avec Pauline, j'apprends ce qu'est vraiment un guide dans le binôme non-voyant/valide et c'est assez complexe. Tout en gardant une distance de sécurité, il faut pourtant rester le plus près possible l'un de l'autre, il faut entendre les ordres, sentir l'appel, anticiper, être à la même cadence... Moi, j'ai jutse utilisé une clochette mais Pauline parle dans un micro qui retransmet sa voix par haut-parleur placé dans le bas de son dos, comme une banane. C'est assez impressionnant et on les entend de loin : "hop hop hop" pour "tout droit", etc. Quand je pense qu'elle le guide en tandem, à la course à pied, en kayak, etc., ce couple m'interpelle...

Rousses Jean-Claude & Pauline

Moi, je ne sais pas pourquoi, on m'a surnommée "BoumBoum"... dû certainement à mon style enlevé et délicat :) N'empêche qu'on m'a dit avoir la gnack, le dynamisme et l'explosivité... le cardio, l'endurance et la régularité à travailler, mais c'est normal lorsqu'on découvre une nouvelle discipline, qu'on s'épuise comme un débutant par rapport aux autres qui, utilisant à meilleur escient leur technique, ont moins besoin de physique et d'être en force.
Diplomatiquement, BoumBoum ne veut pas dire balourd, c'est juste un style... "à l'italienne" paraît-il... d'un autre temps ? Rien à voir avec le style de Caro, la fille de Jean-Claude et Pauline, de haut niveau à ski de fond aussi, comme son père. Grande, fine et élancée - tout comme moi :) - elle glisse au point de léviter sur la blanche !! Enfin, ce sont les dires et autres racontars qui m'ont été contés avant que Jean ne l'atteste par lui-même, fort d'un cours individuel de ski de quelques heures en sa compagnie et me le confirme ensuite. Toi BoumBoum et elle Léviathan.

Voilà, ce bref séjour fut fabuleux en terme de sensations, de plaisir à skier dans un Jura aux noms tout aussi glamours que les pires passages en kayaks... et je garderai en tête la si belle vue donnant sur toute la chaîne des Alpes au-dessus du lac Léman !