3 jours après la célébration de la « Journée internationale des droits des femmes »(*) du 8 mars, le Parlement européen rejette, à 9 voix près, un rapport sur l'égalité entre les hommes et les femmes, présenté par la Portugaise Ines Christina Zuber, et qui appelait à garantir l’égalité de rémunération à travail égal.

298 voix contre (essentiellement dans le camp conservateur), 289 pour (majoritairement la gauche et les libéraux) et 87 abstentions, dont un nombre important de députés écologistes, en tête desquels Daniel Cohn-Bendit et José Bové.

Comment est-ce possible - alors que le principe d'égalité hommes-femmes est inscrit dans le préambule du traité de Rome et fait donc partie des fondements de l'Union européenne - de voter contre la volonté de « garantir le respect du principe fondamental de l’égalité de rémunération à travail égal entre les femmes et les hommes », d’interdire les démissions forcées en cas de maternité, et de prôner la lutte contre les stéréotypes sexistes et de mettre en place des quotas pour favoriser les places des femmes aux postes de décision ??

Que les conservateurs évoquent un rapport - certes dense de 80 propositions - « idéologique », « fourre-tout » et « inutile »... on s'y attend...
Que les socialistes dénoncent - après-coup - une « marche arrière », un « vote honteux », un rejet consternant, une « insulte, une agression des femmes mais de l’ensemble de la société, de nos valeurs et du cœur de notre humanité » ... ça mange pas de pain...
Mais que les eurodéputés écolo se soient en majorité abstenus ? au nom de quoi ? Cela me dépasse totalement... me révolte...

Parmi quelques arguments : une réponse réduite trop facilement à la crise économique et aux mesures de l'austérité sur les femmes... Une crispation sur l'IVG... venant surenchérir le retoquage, en décembre dernier, du rapport Estrela qui prenait position, au niveau européen, en faveur du droit à l’avortement mais aussi pour l’éducation sexuelle des enfants et adolescents. À l’époque d'ailleurs, de nombreux eurodéputés avaient dénoncé un puissant lobby religieux sur ces sujets...
Mais alors pouvoir y voir « l’expression d’une certaine lassitude de nombreux eurodéputés face à un énième rapport sur les droits des femmes » (dixit la socialiste française Sylvie Guillaume), les bras m'en tombent, les mots me manquent, que dis-je... je suffoque !

Le plus flippant dans tout ça, c'est bien le contexte général : recul des droits acquis, remise en cause du droit à l’avortement dans certains pays, poursuite des discriminations salariales, mais aussi une femme sur trois est aujourd’hui victime de violence physique ou sexuelle (cf. rapport de l'Agence européenne des droits fondamentaux publié il y a 3 jours). Dans l’Europe de 2014, les droits des femmes seraient-ils en régression voire menacés ou bien progressent-ils malgré tout ?

Droits des femmes

(*) ↑ Terme utilisé par le Ministère français des Droits des femme, des collectivités et des associations alors que la désignation officielle de la journée par les Nations unies est « journée internationale de la femme » en français et « journée internationale des femmes » (« International Women's Day ») en anglais...
Rappelons que c'est le gouvernement socialiste de F. Mitterrand qui, le 8 mars 1982, donne un statut officiel à la journée en France, soit 5 ans après la résolution de l'ONU enjoignant ses pays membres à célébrer une « Journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale » plus communément appelée par l'ONU « Journée internationale de la femme ».

Sources : AFP 11 mars 2014 à 18:38. - Wikipedia
Icône audio France Inter - Questions sur l'Europe par Stéphane Leneuf - mardi 11 mars 2014 de 19h20 à 20h : La Situation des femmes en Europe : vers une régression ou une progression ?
Icône main JLM Pour refonder l'Europe : Bové et Cohn-Bendit : avec la pire réaction pour protéger la prostitution « non-forcée ».