Un docu, une émission plutôt, qui me taraude...

Dans la série « Les pouvoirs extraordinaires du corps humain », présentée par Michel Cymes (médecin bien connu du Magazine de la santé) et Adriana Karembeu, l'ex-mannequin, cette émission-là, s’intitulait « Prendre le pouvoir sur son corps ». Tiens tiens...
Chacun dans son rôle, lui de toubib médiatique et vulgarisateur et elle représentant le quidam moyen plein de bonne volonté, essaient de comprendre comment des hommes et des femmes repoussent leurs limites physiques en détaillant certains de leurs exploits.

Outre la « débauche » fashion-commerciale qui s'exprime - mine de rien - dans les fringues, marques et sponsors à l'écran... ce qui m'énerve au plus haut point, le reste est somme toute assez intéressant, plus pour ce que cela réveille en nous que pour ce qu'on y apprend réellement. Mais les notions scientifiques essentielles y sont vulgarisées de façon sympathique, légère, ludique et restent accessibles pour un large public.

Sans pouvoir faire la part des choses entre l'impact du reportage lui-même sur moi et l'emprise d'un contexte plus global de réflexions et autres constats au quotidien... cette émission a opéré la connexion et s'est ancrée en moi (malgré moi) pour m'interpeller voire me tarabuster... ou me secouer ?

Le végétalien le plus fort du monde ! Peut-être, est-ce le constat d'un échec à l’orée de la quarantaine... comme ce Rich Roll, avocat un peu bedonnant vers 40 ans qui, se sentant essoufflé rien qu’en montant des escaliers, a craint la crise cardiaque et a décidé de reprendre sa vie, son corps et sa santé en main. Pour rejeter la crise de la quarantaine et devenir l’un des hommes les plus forts du monde et se découvrir, il est devenu un triathlète de haut niveau et de surcroît végétalien ! Mais bon, bien qu'à l'honneur dans le reportage, ce n'est pas lui qui m'a marquée (lire aussi cet article Rich Roll ou le parcours idyllique d’un sportif de haut niveau végétalien, plutôt critique vis-à-vis du traitement de l'information dans l'émission).

La crise de la quarantaine ! Bon, voilà, je crois qu'il faut se rendre à l'évidence, le fossé se creuse, et avec toujours plus d'intensité, entre l'âge qu'on a dans la tête et celui que notre corps commence à nous rappeler... Et ô comble de mes démons, la conscience de plus en plus prégnante de ma propre dégénérescence, altercation inéluctable de mes capacités globales, mentales, physiques et neurologiques me renvoient à la vieillesse tant haïe... celle qui pue ! Hé bah oui, c'est comme ça, inexorablement, on atteint ses capacités mentales maximum à 30 ans, nos os commencent irrémédiablement à se fragiliser à partir de 35 ans tandis qu'à 60 ans, ce sont toutes nos capacités du corps et du cerveau qui s'amoindrissent.

Bon, donc, cette émission a bel et bien pour ambition de porter un message global, insinué tout au long du reportage comme la méthode Coué ou un mantra : vous pouvez prendre le pouvoir sur votre corps, quelque soit votre âge, quelque soit votre parcours, quelque soit votre profil !! Le principal est d'avoir la volonté à tout âge de la vie et de choisir un mode de vie approprié. Mais quel est donc le secret ? Avoir une bonne hygiène de vie !!! Bah voyons, quand on a dit ça, on a tout et rien dit...
Pour conjurer le sort, il faut conjuguer plusieurs facteurs : avoir un régime alimentaire équilibré et sain avec un max de légumes, avoir une activité physique régulière 20 min par jour, faire de la méditation 20 min par jour, tendre vers une meilleure gestion du sommeil, travailler et entretenir sa mémoire et, enfin, avoir une bonne dose d'optimisme, de curiosité et de sociabilité !

Alors par exemple, 20 min d'activité physique par jour (il n'est même pas dit « sport » ; cela peut être par exemple une marche rapide - genre marche nordique - d'1/2h tous les deux jours), permettrait de gagner 3 ans 1/2 à 4 ans 1/2 de vie ! Super, mais je n'aime pas ce type d'arguments qui mettent en avant la performance et là, en l’occurrence, une certaine forme de jeunisme ; cela me laisse dubitative. En fait, qu'est-ce qui compte : vivre longtemps ou tout simplement vivre bien ? Je suis contre l'équation "vivre longtemps = positif par essence". Non, non et non, ce n'est pas une finalité ! Bon ok, au quotidien, y a bon à prendre quand-même : cela permet de réduire le risque de diabète, d'hypertension artérielle et même la maladie d'Alzheimer car le sport augmente l'oxygène dans nos poumons puis dans le sang puis dans les muscles... et le cerveau est aussi un muscle. L'activité physique, on ne saurait le répéter, fait gagner en endurance, un meilleur souffle et diminue les risques cardio-vasculaires. Ce qui est « rigolo », c'est que la tension artérielle augmente pendant l'activité physique, c'est-à-dire la pression sanguine dans les vaisseaux, mais ensuite, en pratiquant régulièrement, la tension diminue dans la vie quotidienne ; c'est pourquoi les sportifs ont une plus basse tension que la moyenne. Mais l'activité physique est aussi et surtout un antidépresseur ! Mais oui, c'est simple, comme une réaction en chaîne : être bien dans son corps permet d'être bien dans sa tête et donc d'être optimiste et donc d'être content de soi et donc d'avoir une bonne estime de soi et donc d'être moins dépressif !!

Bon je passe sur la vieille de 91 ans qui est encore capable de faire l'équerre (fameuse posture de yoga très délicate qui requiert à la fois force et souplesse), qui se lance dans de nouveaux apprentissages tels que le tango ou la musique à 70 ans, qui latte ses jeunes partenaires de tennis de 70 piges, qui tente le saut en parachute tout nonagénaire qu'elle est...

... pour en venir au sommeil... ouiii, ouiiii et ouiiiii, je sais, cela me concerne. Celui-ci apporte le tonus, favorise les capacités d'apprentissage et de mémorisation, est bon pour le moral et la santé. J'ai découvert ainsi le métier de « somnologue » qui peut vous aider à cerner votre profil de dormeur, celui qui conditionne votre bien-être durant la journée et qu'on devrait mieux prendre en compte pour organiser nos activités en fonction de notre horloge interne.
Le sommeil, qu'on le veuille ou non, permet au cerveau d'emmagasiner et graver les apprentissages de telle sorte qu'on puisse en bénéficier le lendemain comme acquisitions et expérience. Oui, si l'on en manque, cela encourage les risques d'infection, le déficit immuno-déprimé, les sur-risques cardiaques. A cela, s'ajoutent les facteurs plus métaboliques tels que la prise de poids, les risques cardio-vasculaires, le diabète, etc. Il est donc ainsi prouvé que ceux qui dorment trop peu mais aussi ceux qui dorment trop (tout court), ont une espérance de vie plus courte ! Et toc !

Bon, donc on commence par une phase de « sommeil lent léger » (50% de la nuit). C'est l'endormissement où les mouvements oculaires sont rapides, où la température interne diminue, où la respiration ralentit, où les battements du cœur sont plus lents, où les muscles se détendent et où les vaisseaux superficiels se dilatent. Bref, c'est une séquence de 7 à 8 minutes qui programme le cerveau dans un autre mode permettant de commencer à traiter les informations, c'est-à-dire tout ce qu'on a fait dans la journée.

Ensuite, c'est la phase dite de « sommeil lent profond » (20% de la nuit) qui permet de constituer les apprentissages. C'est par exemple durant cette phase que sont produites les hormones de croissance et donc oui, les enfants grandissent durant la nuit (putain mais qui m'a empêché de dormir quand j'étais petite ??). Pour les adultes, cette phase permet de réparer les cellules abîmées.

Enfin, le « sommeil paradoxal » (25 % de la nuit) est la dernière phase d'un cycle de sommeil qui dure en général environ 1h30 et qui se reproduit au cours de la nuit. Il a cela de « paradoxal » qu'il oppose un corps profondément endormi comme paralysé, avec un tonus musculaire réduit à néant, à une sur-activité du cerveau. Cette phase est essentielle pour la mise en mémoire - ou pas - des moments affectifs de la journée, des émotions de la vie de tous les jours. Ainsi, idéalement, si l'on se réveille à la fin de ce cycle, on est censé avoir passé une bonne nuit, le sentiment d'avoir réfléchi, d'avoir les idées claires... Gloups.

Y a-t-il un cycle plus qualitatif qu'un autre au cours de la nuit ? Eh bien oui et encore oui, les premières heures de sommeil sont très bénéfiques. Rien qu'au cours de la première heure, on récupère 50% et la moitié des performances de la journée ; autrement dit, ça recharge très vite et beaucoup les batteries !

Bon, oui, donc, voilà, vous l'aurez compris tout comme moi, le sommeil est une fonction physiologique indispensable comme la respiration et le battement du cœur. Il est vital et d'ailleurs, il existe dans tout le règne animal. Par conséquent, oserais-je le rappeler, le manque de sommeil altère nos capacités...

Dans le règne animal, cela dépend d'au moins trois critères : le milieu naturel, le régime alimentaire et le risque de se faire attaquer par des prédateurs.
La palme du plus long dormeur revient à la chauve-souris qui a besoin de dormir 20h/jour soit 80% de son temps, ce qui lui permet d'économiser son énergie. Il est un fait reconnu qu'elle a un système immunitaire plus performant que la normale.
Le tigre, dont la position en haut de la chaîne alimentaire lui permet de faire de longues siestes sans craindre pour sa survie, a besoin de 16h de sommeil par jour. Celui-ci lui est alors indispensable pour reprendre des forces avant la prochaine attaque.
Il est un autre félin qui se prendrait encore pour son aïeul le tigre en dormant tout autant que lui, j'ai nommé le chat et qui plus est le chat domestique... rusé et chasseur de croquettes, il a gardé pour habitude d'exprimer sa félinité en étant surtout actif la nuit.
L'éléphant, quant à lui herbivore, ne dort que 4h par nuit car il a besoin d'au moins 16 à 20h pour se procurer, vu son gabarit, ses 200 kg de nourriture par jour.
Le record du minimum de sommeil est détenu par la girafe avec seulement 2h par jour. Les herbivores ont un sommeil léger car ils sont plus en danger. La girafe a opté pour le sommeil fragmenté : elle fait des micro-siestes de 5 minutes d’affilée pour rester sur le qui-vive. Certains humains ont d'ailleurs adopté ce sommeil morcelé qu'on appelle polyphasique pour s’adapter à certaines situations, notamment les navigateurs en solitaire.
Mais plus dingue encore, le dauphin ne dort que d'un œil car il se noierait s'il s'assoupissait ! Seule une moitié du cerveau, en effet, ne s'endort tandis que l'autre hémisphère cérébrale assure le contrôle des fonctions vitales.

Et l'Homme dans tout ça ? Les nouveaux-nés ont besoin de 16h/jour, les enfants de 10 ans de 10h et les adultes environ de 7-8 h. On constate aujourd'hui, avec les aléas du travail, les évolutions de la vie sociale, etc., que l'Homme a perdu 1h de sommeil en 150 ans. Les périodes de sommeil sont cruciales pour la reconstruction des réserves énergétiques et la stabilisation ou l'augmentation du système de défense immunitaire. Un déficit ou la privation de même une heure de sommeil chez un individu induit une diminution des lymphocytes, ces fameuses cellules qui permettent au corps de se défendre contre les agressions par les bactéries et les virus.

Il faut savoir que la part du génétique face au sommeil est de l'ordre de 20-25 % et que si la privation entraîne le stress, la maladie voire la mort, on a tout intérêt à entretenir notre optimisme (production de sérotonine, l'hormone du bien-être). C'est Anouk Grimberg qui dit que la joie est contagieuse et qu'elle aime écouter Dalida pour s'en donner ! Bon, c'est une digression que je ne vais pas creuser ici car comment une suicidaire s'étant suicidée peut-elle avoir donné tant de joie sans avoir été optimiste pour elle-même ? Le bonheur exprimé par ses chansons n'a pas suffi à cacher le profond désespoir qui l'habitait. Il est coutume de dire que les plus grands comiques sont, dans la vie, plutôt tristes ou torturés. Mais bref.

Donc, pour finir, il me faut encore vanter les pouvoirs de la méditation... qui nécessite un minimum d'attention, d'altruisme, de bienveillance, de compassion et de liberté intérieure (dixit Matthieu Ricard !). 20 minutes par jour suffisent à renforcer le système immunitaire, à ralentir le processus du vieillissement, à mieux gérer ses émotions, son stress et à prendre du recul par rapport aux cascades d'émotions. Il est même prouvé que la méditation modifie la structure-même du cerveau dans le sens où des zones peuvent s'y développer. En tous cas, elle améliore certainement les aptitudes intellectuelles.

Quelle synthèse puis-je faire ? Bah, hélas, je m'apparente plutôt aux pachydermes qu'aux félins... Les premiers sont une construction à partir de termes en grec ancien signifiant « épais et gros » et « peau épaisse ». En français courant, le terme « pachyderme » désigne plus particulièrement les éléphants, plus rarement les rhinocéros et les hippopotames ; leur point commun est d'avoir à la fois la peau très épaisse et deux défenses en ivoire. Le mot est également utilisé pour qualifier les individus gros ou maladroits, d'une manière moins péjorative que le terme de lourdeau.

Tout cela est donc conforté par le fait que je consacre une bonne partie de mon temps à la recherche de produits énergétiques, essentiellement dans des réserves de chasse appelées « supérettes » et que l'autre partie de mon temps, encore plus importante, consiste à rester sédentaire face à un écran dans un bureau congestionné... Alors, dans ces conditions de vie urbaine extrême, j'entretiens plutôt le stress et le pessimisme et je lorgne, sur mon sommeil, pour compenser tout ça ! J'ai donc tout bien compris mais c'est mon côté rebelle anti-scout !