Le bonheur : terre promise, un documentaire de Laurent Hasse, poétique, singulier, attachant placé sous le signe du rêve, de l’évasion, de l’aventure et surtout, de la rencontre entre voyageurs… et sur la recherche du bonheur d'un bout à l'autre du pays...

Un jour la vie bascule, elle manque de s’arrêter et puis, après un temps d’hésitation, elle repart. Comment ne plus faire semblant de rien ? A la suite d'un accident de la route qui a failli lui coûter la vie, Laurent Hasse, réalisateur, a entrepris de traverser la France à pied, de la frontière espagnole, dans les Pyrénées orientales, jusqu’à Dunkerque, sur la mer du Nord, remontant la méridienne verte sur 1500 km et durant 82 jours, seul, sac au dos, en plein hiver, muni d'une caméra.

Durant ce périple, il s’est laissé surprendre par ses rencontres de hasard, des inconnus, des adolescents, des familles, des vieillards et des personnes isolées à qui, une fois le café de bienvenue avalé, il pose la même question : "Pour vous, c'est quoi le bonheur ?" Un voyage, donc, dans la France à l’écart des gros titres, maisons isolées, villages désertés, solitudes voulues ou subies, intelligence des voix, chaleur de l’accueil, beauté et saccage se succèdent au fil de la route...

Sa motivation, au départ, est double : s'intéresser aux gens et prendre une revanche et donner un sens à sa vie.

Partir à pied, pourquoi ? Depuis l’invention de la philosophie, nous savons que marcher facilite la réflexion, permet de lever le regard sur la beauté du monde et le visage de l’autre. Contraindre son corps aère l’esprit, le décrasse des pesanteurs de la consommation, le désenglue des faux besoins. Et qu’importe le chemin, l’important est de cheminer.

Partir en hiver, pourquoi ? Bénéficier de plus belles lumières, rasantes et éviter la cohue des touristes sur les sentiers. Besoin d'une démarche solitaire pour mieux apprécier les rencontres au fil du chemin. Il n'y avait rien de délibéré dans ces rencontres, fortuites et le fruit du hasard. S'il y a beaucoup de gens seuls dans le film, c'est probablement que les solitaires s'attirent comme des aimants ; lui étant seul, il était plus facile aux gens seuls de lui ouvrir leur porte que des familles accaparées par les tâches quotidiennes.

Pourquoi ce parti-pris de la campagne ? Tout simplement parce qu'il souhaitait aller vers ce qu'il ne connaissait pas, quelque chose de plus exotique que la ville qu'il regrette uniformisée partout en France et, paradoxalement, le royaume de l'anonymat. D'ailleurs, lui, dans sa pérégrination, a plus recherché le bonheur dans une certaine forme de sérénité, le silence de la campagne que dans les cris ou la liesse populaire qu'il montre dans le film comme une sorte de bouquet final. Le réalisateur dit lui-même que montrer la nature de près, en gros plans instantanés, "prendre le temps de regarder son environnement, participe à son bonheur et il espère, à celui des spectateurs".

Alors, cette longue marche lui a-t-il permis de mieux définir le bonheur ?

On passe sa vie à chercher le bonheur mais c'est ça qui est passionnant. C'est ce qui nous tient en vie justement. Ce doit être notre carotte, ce qui nous fait avancer, une quête perpétuelle, le graal. Finalement, c'est plus un film sur la vie que sur le bonheur lui-même. Ce voyage lui a apporté une certaine forme de sérénité, de zénitude, de sagesse même qui lui permet appréhender la vie autrement. Quelque soit la forme que peut prendre cette expérience, c'est une invitation à prendre le temps de penser à soi, à ce qu'on cherche vraiment et à ce qu'on veut vraiment dans la vie... à être maître de son existence plus qu'à la subir.

Et ça résonne comment en moi ?
Le documentaire m'a bien plu surtout parce qu'il aborde sur la forme et le fond une question existentielle et universelle ! Ça réveille en moi des envies, des rêves...

"Il n'y a pas de recette pour faire le premier pas, il faut juste le faire" (René Char).

Mais peut-être faudrait-il que je le regarde à nouveau pour mieux intégrer les dires, pensées et avis des uns et des autres car je ne suis pas sûre, finalement, d'en retenir un message en particulier. C'est d'ailleurs là-dessus que j'ai été un peu frustrée mais cela signifie peut-être simplement qu'il existe quasi autant de bonheur(s) que d'individus ! Et d'ailleurs, les réactions des gens "lambda" rencontrés on the road sont agréablement surprenantes et singulières. Mais, on ne sait rien du filmeur qui, pourtant, passe trois mois à requérir les avis des autres... alors ça laisse un peu pantois même si je comprends le parti pris de ne pas se livrer ni se montrer lui au profit des témoins mais, en fin de compte, je trouve qu'il ne se mouille pas trop par rapport à l'ambition qu'il donne à son voyage... Et puis, plus anecdotiquement, sa façon de parler ou plutôt son ton monocorde, tristoune et limite suicidaire, m'a un peu énervée et poussée à espérer qu'il trouve, en effet, un peu plus de bonheur par cette expérience...

Le bonheur, c'est d'abord utopique pour moi, en tous cas trop abstrait, trop sujet à r-évolution pour savoir ou pouvoir le définir. Si on passe sans doute sa vie à le chercher (intrinsèque à la nature humaine ?), je ne suis pas sûre qu'il s'agisse pour autant d'une quête passionnante et en faire une finalité est comme une épée de Damoclès...

Et vous, c'est quoi pour vous le bonheur ???

Sources :

Icône audio France Inter, l'Humeur vagabonde, 27/12/2012.
Icône vidéo France 24, L'entretien, 01/01/2013.
Icône audio France Inter, Partir avec, 23/09/2013.
Icône audio Radio Nova, 2H15 avant la fin du monde.
Icône vidéo La bande annonce du film.
Icône main Le Facebook du film : Le Bonheur... Terre promise.
Icône main Le blog du film : Le bonheur... Terre promise.

Icône audio Et, plus largement, sur la marche... France culture, Cultures monde, En avant marche en 4 épisodes.