Deux occasions de réécouter Thérèse Clerc : en ce premier dimanche de mars, c'est la journée des grands-mères... à une semaine de la journée de la femme.

Les news grands-mères
© Radio France 2015 / Nina Luec.

Tiens tiens, mais qu'est-ce donc que cette journée encore, 1er dimanche de mars, juste avant la journée de la femme du 8 mars ? AU SECOURS, qu'il s'agisse d'une fête à visée commerciale ne m'étonne pas (comme les autres, la fête des mères, la Saint-Valentin, etc.) mais qu'elle ait été carrément créée en mars 1987 par la marque de café, le Café Grand'Mère, relayée plus tard par les biscuits Bonne-Maman, j'aurais pas cru...
On se croirait dans la bonne France de Pétain sponsorisant les valeurs de la nation à coup de lien intergénérationnel...

Allons-y donc avec le laïus du lien familial, le socle permettant à l'enfant, l'ado de construire son futur adulte, sain et équilibré... Car, en effet, il est de bon ton d'asséner, sans jamais trop de nuance, que couper les ponts avec les "anciens" implique nécessairement des manques spécifiques et que c’est nier nos racines, notre histoire, notre héritage... Même mécanisme de réflexion, d'ailleurs, qu'avec l'héritage familial et culturel lorsqu'on est " issu de l'immigration "... Mais bordel, lâchez-nous avec cette manne mémorielle... Comme dirait Berto, à qui profite le crime ? Alors oui ok, c'est ce qu'on dit, c'est ce qu'on nous impose de croire et c'est certainement pas faux (je ne suis pas psy) mais c'est aussi terriblement stigmatisant, réducteur et culpabilisant !!

Je n'en peux plus. Imaginez que je cumule au moins trois infractions (hé oui, tout ou rien) : celle de ne pas connaître mes grands-parents, celle de ne pas connaître mes origines, et pour enfoncer le clou, des deux côtés maternel et paternel (je passe sur la seule aïeule que j'ai qui m'a plutôt confortée dans la haine des vieux) et, enfin, la pire de toutes, celle de ne pas réclamer, de ne pas chercher, de ne pas y aller, d'oser peut-être ne pas m'y intéresser... Que de transgressions !

Allez allez, faisons fi de l'opportunisme et de l'hypocrisie d'une telle journée mercantile car c'est aussi, dit-on, l’occasion d’évoquer les 9 millions de grand-mères et 6,2 millions de grands-pères et de rappeler que les femmes deviennent grand-mères à 54 ans en moyenne et les hommes grands-pères à 56 ans… Si au moins, on pouvait prouver que ce focus annuel était utile pour ces populations parfois isolées, oubliées voire exploitées de voir leurs problématiques spécifiques émerger et trouver peut-être, à défaut de solution, l'écho d'un débat... Cela-dit, le thème des personnes âgées et aussi des personnes âgées immigrées est assez "vendeur" depuis quelques temps...

Sous cet angle, c'est donc l'occasion pour moi de revenir sur cette bonne femme, de celle que j'aurais aimé avoir comme grand-mère... une militante féministe de presque 88 ans, par ailleurs créatrice de la Maison des femmes à Montreuil et la principale initiatrice de la maison des Babayagas, un lieu de vie pour femmes âgées ouvert à Montreuil en 2013. Comme elle dit, elle aime être une grand-mère pour transmettre, pas pour faire des gâteaux...

Icône audioLes grands-mères d'aujourd'hui et le féminisme arabe ♂ (Les femmes toute une histoire, France Inter, di. 1er mars 2015, 15h).

Icône audio Et aussi : L'atelier intérieur s'ouvre à l’âge avancé... (L'Atelier intérieur, France culture, sa. 26 juill. 2014, 22h).