C'est d'une révolution qu'ont besoin les peuples !
Par Tat le lundi, octobre 29 2012, 20:00 - Palabres - Lien permanent
Sur Radio Nova, une interview très intéressante que je viens de saisir en entrecoupé, dommage, de Monique Pinçon-Charlot. Le peu que j'ai entendu m'a donné envie d'aller voir plus loin et donc de lire l'ouvrage L'argent sans foi ni loi qu'elle a sorti à la rentrée avec son mari Michel Pinçon et en conversation avec le journaliste Régis Meyran.
"Tous deux sociologues et anciens directeurs de recherche au CNRS, ils ont déjà écrit "Les ghettos du gotha" et "Le président des riches" et tentent d'ausculter les comportements des très riches. Dans ce nouvel ouvrage, ils ont mis en exergue cet argent, déployé comme fin et non plus comme moyen. Veau d'or par excellence de nos sociétés occidentales, il conditionne nos rapports sociaux et fait des très riches, une caste à part, sans patrie ni frontière. Un livre un peu effarant qui vient contredire les héraults médiatiques qui se plaignent de "la haine des riches" (L'argent sans foi ni loi dans 2H 1/4 avant la fin du Monde, Radio Nova, 29/10/2012).
"Comment se fait-il que l'argent, conçu initialement pour faciliter les échanges de biens et qui était donc créateur de lien social, soit devenu le symbole universel de la réussite personnelle, voire la valeur suprême de l'existence au-delà de préceptes des religions et du respect des droits fondamentaux garantis par les législations", une arme au service des nantis dans ce qu'on peut appeler un guerre des classes où l'argent profite aux riches ?
"La virtualisation de la monnaie, la dérégulation des marchés, les arrangements entre financiers et politiques, l'exil fiscal et le dumping social sont autant de stratégies dans l'impressionnante panoplie des oligarques qui leur permet de conserver et de consolider leurs privilèges exorbitants" (note d'éditeur).
Jusqu'à dire que le réchauffement climatique a un intérêt... Pourquoi donc n'y a-t-il jamais d'accord obtenu sur cette question dans les rendez-vous internationaux ? Parce que les dominants de la planète ont tout intérêt à supprimer par ce moyen une partie de la population...
Effarant mais... c'est de la sélection naturelle... par l'argent, tout simplement.
Une révolution, c'est de cela qu'ont besoin les peuples !
Réécouter l'émission 2H 1/4 avant la fin du Monde du 29/10/2012 sur Radio Nova.
Réécouter l'émission Là-bas si j'y suis du 27/08/2012 sur France Inter (à 10'50 puis 16'30).
Lire l'article de Bernard Gensane dans le Grand Soir (9/9/2012).
Michel Pinçon, Monica Pinçon-Charlot : L’argent sans foi ni loi. Conversation avec Régis Meyran. Paris, Textuel, 2012.
Commentaires
C'est marrant, j'ai écouté sur France Inter, peu avant les fêtes, le couple Pinçon-Charlot. Nous les avions rencontrés à une conférence qu'ils faisaient dans un château normand autour de leur livre "Châteaux et Châtelains : Les siècles passent, le symbole demeure". Nous les avions trouvés très justes, et sympas. Je mets dans le commentaire suivant la retranscription de leur intervention. Ils décodent pour nous beaucoup de choses, et font le travail que les journalistes devraient faire.
Retranscription Pinçon-Charlot décembre 2012 sur France Inter :
Quand G. Depardieu dit qu'il a payé 85 % de ses revenus en impôts !! sachez que c'est impossible.
D'abord il faut savoir quel type de revenus il déclare ! Ce sont ses revenus imposables qu'il déclare ! Qui ont une taille de guêpe après être passés dans le filtre des niches fiscales, des paradis fiscaux (qui n'ont pas du tout disparu comme l'affirmait Sarkozy), bien conseillé par des coûteux fiscalistes. Il s'est aussi bien arrangé pour avoir beaucoup de patrimoine et peu de revenus, comme ça, ça fait monter le pourcentage. C'est pour cela que les riches se battent pour le plafonnement. Qu'il a payé 145 millions d'impôts en 45 ans, c'est possible … mais ce qu'il se garde bien de dire c'est combien il a gagné ! Avant multiples déductions inventées spécialement pour les très riches. Quelqu'un a donc calculé, sur cette seule information des 145 millions, qu'il aurait gagné tout ce temps 8000 € par jour. Donc Depardieu refuse de payer ce qu'il doit selon la loi et comme tout citoyen lambda. Mais plus grave, il est l'arbre qui cache la forêt. Ils sont très nombreux à en faire autant (chercher à minimiser au maximum ses revenus grâce à des outils fiscaux, et in fine prendre la malle et se tirer) … il y a les sociétés aussi qui depuis longtemps n'ont d'autres soucis que de mettre à l'abri de l'impôt leurs bénéfices, avant de s'expatrier comme Bernard Arnaud : LVMH a 140 filiales dans les paradis fiscaux, du Luxembourg aux îles perdues au fin fond du Pacifique ! BNP en possède aussi beaucoup : 180.
On peut vérifier cela sur Internet : en allant sur le site officiel de la dite société le document de référence transmis aux autorités des marchés financiers où il est inscrit tous les lieux d'élection des filiales.
Le problème est que tout cela reste légal. Le projet de loi stipule qu'il doit y avoir séparation entre la banque d'affaires (spéculation) et la banque de dépôts (l'argent des déposants). Cela veut dire tout simplement, et C'EST RENVERSANT ! Qu'on légitime ainsi la spéculation qui EST DU VOL ! Tout cela est avalisé par le gouvernement, on trouve normal que des fortunes colossales se construisent sur la spéculation ! Ces pratiques ne tombent pas sous le coup de la loi alors qu'elles sont néfastes et injustes, c'est du vol légitimisé, du banditisme de haut vol !
75 % des revenus au-dessus du million de revenus, c'est fait pour frapper les esprits naïfs et ignorants de la plupart des gens : cela se compte par part fiscale ! Un ménage de deux adultes et 2 enfants ne sera concerné qu'au dessus de 3 millions d'euros ! Ça concerne très très peu de monde !
Bernard Arnaud, habitué des paradis fiscaux, veut se nationaliser belge … et Gérard Depardieu … la réalité, c'est pas l'exil des personnes, c'est l'exil de l'argent. D'après les études approfondies de journalistes et économistes « atterrés », l'argent détourné de l'impôt serait de 600 milliards, caché dans les paradis fiscaux !! Avec cet argent, il n'y aurait plus de dette publique, plus de déficit en France ! On voit bien comment on est en face d'une oligarchie qui utilise comme arme pour détruire les peuples, des armes financières ! Finis les canons et les fantassins, aujourd'hui, ce sont les armes financières : ces armes c'est la dette, le déficit, le nouveau pacte budgétaire voté par le gouvernement socialiste. Qui peut empêcher ça ? La gauche libérale a pris le relais du gouvernement sarkozy. Ce néo-libéralisme s'est accompagné d'une dérégulation des marchés financiers. Le système est bien installé. Les partis socio-démocrates sont acquis à ce système, et pour le moment, la situation est bloquée.
« Cet adversaire c'est le monde de la Finance » avait dit Hollande au Bourget, mais ce que les médias ont oublié souvent de mentionner c'est qu'il a dit : « ce monde de la Finance qui n'a pas de visage ». Or il connaît parfaitement tous les visages concernés ! On ne peut pas être aujourd'hui un président normal dans un pays comme la France où la situation est totalement anormale !
Si on parle autant de cette fin du monde qui interviendrait « demain », c'est aussi une façon de ne pas parler de la crise financière, de ne pas DIRE les choses. Parler de la fin du monde, alors qu'aujourd'hui la crise dont les financiers portent l'entière responsabilité, alors que ces financiers se retournent de façon totalement machiavélique vers le peuple pour lui dire qu'il coûte trop cher, qu'il est trop gourmand, c'est ça l'Apocalypse, c'est ça la fin du monde ! Le danger n'est pas dans les étoiles, il est dans nos sociétés viciées où il est courant d'entendre que si, à 50 ans, on n'a pas sa Rollex, c'est qu'on a raté sa vie !! Rater sa vie, ça veut dire ne pas avoir d'argent ? Alors, tout ce qui compte dans la vie, c'est de s'enrichir ? C'est là un danger extrême qui va nous conduire dans le mur.
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon soutiennent le Front de gauche : « il nous apparaît comme un regroupement dynamique de gens qui ont conscience de la gravité des choses, conscients qu'il faut mettre à bas le système néo-libéral, changer de système ». Comme l'a dit Mélenchon lors d'un meeting : « il ne faut pas, comme Hollande en visite à Londres, dire : « I'm not dangerous ». Non, il faut dire aux financiers, aux très riches : « I'm dangerous, je vais vous faire les poches ! ».
Le problème est que les poches sont aux Bermudes, au Delaware, et autres paradis fiscaux.
Les riches et richissimes connaissent toutes les ficelles, et peuvent se payer les conseils de fiscalistes pour mettre leurs revenus à l'abri de l'impôt.