Colloque tenu à l'Institut océanographique de Paris les 22 et 23 octobre 2012 et organisé par Pôle actions. Pendant 2 jours, des spécialistes interdisciplinaires (généticiens, glaciologues, biologistes..., aventuriers) de l'ours polaire et de l'arctique se sont réunis pour faire le point sur les connaissances actuelles de l’espèce, son environnement et ses relations avec l’Homme sous les latitudes septentrionales de notre planète.

Il va sans dire que je ne vais pas faire ici un compte rendu des interventions, primo j'en serai bien incapable et secondo, cela n'aurait aucun intérêt étant donné la pléthore de littérature secondaire qui existe sur le sujet... et puis, en plus, des vidéos du colloque ont été mises en ligne !

Colloque sur l'ours polaire

Mais moi, ignare dans tout ça, qu'est-ce que j'en comprends, qu'est-ce que j'en retiens ?

Je comprends que l'ours a toujours et encore cet aura d'animal sacré, ce caractère mythique qui hante notre imaginaire, à nous les Hommes de toute la planète et pas seulement les populations de l'arctique. L'emblème et le symbole qu'il représente ont évolué dans le temps et revêtent aujourd'hui des formes plus modernes, peut-être aussi plus perverses. Ainsi, ce roi prédateur à la tête de la chaîne alimentaire, qui bénéficie de politiques de protection depuis les années 1950, n'est ni en voie d'extinction ni de disparition. Il est surtout instrumentalisé par des messages environnementalistes et alarmistes à usage commercial... Sous couvert d'être un indicateur "scientifique" pour évaluer la santé de l'arctique et donc de la planète, il nous émeut comme le nounours de notre enfance tout en étant l'instrument d'un "nouveau" (y a déjà eu Bibi Phoque !) concept de communication, entre combat et culpabilité que suscite le "développement responsable" dans l'Humanité ! C'est là un des aspects du colloque qui analyse l'histoire des représentations de ce plantigrade qui m'a particulièrement intéressée. En découlent évidemment différentes perspectives dans l'appréciation de l'animal par les Inuit et les Occidentaux.

Je passe les détails sur le cadre juridique des protections (classiques mais insuffisantes) de l'ours, de son habitat et de son écosystème, sur les menaces directes (chasse, commerce légal ou illégal, prélèvements illicites...) ou indirectes (pêche commerciale, pollutions, diminution de la glace marine, conflits homme/ours... ) qui pèsent sur lui et sur la responsabilité des autres 5 seuls pays responsables juridiquement des populations d'ours sur leurs territoires. Qu'en est-il réellement de la vulnérabilité reconnue de l'ours polaire et de son adaptabilité relative ? de son lien avec l'activité humaine et son impact sur le réchauffement climatique ?

J'ai appris que le dernier fossile d'ours blanc remontait à 130 000 années et qu'on était aujourd'hui - depuis 11 700 ans - dans une période interglaciaire exceptionnellement longue. Certes, les schémas climatiques du passé sont utilisés pour tester des modèles de climat mais en aucun cas il ne peut s'agir d'analogies. En outre, on connaît moins l'Ursus maritimus (ours polaire) par rapport aux autres (Ursus arctos ou ours brun et l'Ursus speledaus ou ours des cavernes) du fait des lacunes du registre fossile justement !

J'ai aussi entendu que cet été 2012 (vers la mi-juillet) fut une période particulière voire exceptionnelle. C'est la 1e fois, depuis très longtemps, que la température fut positive pendant plus de deux semaines sur toute la surface du Groenland (d'où diminution de la surface et de l’épaisseur de la glace et remontée de certaines espèces de poissons due au réchauffement des eaux en Islande et au Groenland-Est). Depuis 1950, l'étendue de glace (c'est à dire le périmètre de glace qui contient au moins 15% de concentration et mélange glace/eau) est passée de 8 à moins de 4 millions de km². L'épaisseur de la glace, quant à elle, a aussi diminué passant de 3 m il y a 30 ans à moins de 2 m aujourd'hui, à savoir une perte des 3/4 du volume. Enfin, la glace de mer est deux fois plus mobile que celle de l'époque de Nansen (fin XIXe s.) et est passée du simple au double par rapport à la dérive de Tara. Bref, on perd 2 à 3 millions de km² de vieille glace (d'au moins 2 ans) chaque été au cours des années 1990. Ainsi 13% de la banquise, l’habitat de l'ours, disparaît annuellement. En somme, l'écosystème change et les ours peuvent disparaître (changement climatique, réduction de la banquise, moins de bouffe, moins de graisse, moins bonne santé, ours plus petits à naître, poids minimum des ours femelles pour avoir des petits, période sans manger se prolongent et risque pour les ours femelles de ne pas atteindre le poids minimum pour avoir des petits (de façon très anecdotique, j'ai retenu qu'une femelle gravide peut rester 8 mois sans manger ; elle dépense 1 kg de graisse par jour et il lui faut 250 kg de graisse dès le départ).... --> déclin de l’espèce). Il n'y a, en réalité, ni plus ni moins d'ours (entre 21 et 25 000 dans le monde polaire) mais c'est leur distribution - en interactions avec l'Homme - qui a changé avec leur rapprochement des rivages dû à la diminution de la banquise. Mais attention, d'autres dangers peuvent surgir, comme les orques qui remontent au Nord - même s'ils n'aiment pas trop la banquise à cause de leur aileron - et qui mangent la même chose que les ours... à savoir des phoques (hors période de glace) !

J'ai aussi entendu parler d'une toxine dangereuse, la trikline, que contient la viande d'ours (mais encore plus le morse) et qui fait qu'on doit la bouillir longtemps et sinon la manger faisandée. En fait, l'ours dépend vraiment du phoque qui, lui-même, dépend de la banquise (pour mettre bas ses petits). L'ours ne mange autre chose (morse, baleine, eider) que s'il n'a pas de phoque. Son régime alimentaire est si gras qu'il mange d'ailleurs plus la graisse que la viande de phoque. Il se nourrit 3 mois dans l'année et puis ensuite maigrit. Vu qu'il se déplace beaucoup et compte tenu du froid, l'ours doit être gras et la graisse passe d'ailleurs très vite de son estomac à ses cellules. Il peut manger jusqu'à 26 fois en un repas c'est-à-dire près de 100 kg ! Ensuite, si les études se préoccupent essentiellement de la chaîne alimentaire, il n'en est pas de même encore sur le thème de l'acidification des océans et ses effets en arctique...

Colloque sur l'ours polaire

Sinon, pour conclure - et je passe sur les origines de l'ours polaire et sur les histoires actuelles d'hybridation avec l'ours brun qui remonte au Nord... - j'ai entendu, pas forcément compris, plein de nouveaux mots, termes, expressions et concepts... comme "albedo" (rapport à l'énergie solaire réfléchie), "cynégétique" (rapport à la chasse) et alors je ne parle même pas des paramètres astronomiques de la variation du climat tels que « l'excentricité » de son orbite , « l'obliquité » et la « précession » de son axe de rotation...

Allez, j'finis mon ursus-opus sous un angle plus ésotérique... ! C'est l'histoire de Zeus qui s'éprend de la nymphe Callisto. Celle-ci, virée par Artémis, la déesse de la chasse, accouche d'un petit Arcas. Forcément, Héra, l'épouse de Zeus, très jalouse, se venge et transforme Callisto en ourse. Alors cette dernière erre en forêt pour éviter les chasseurs et c'est lors d'une chasse justement que son propre fiston Arcas la vise ! Heureusement que Zeus intervient pour détourner sa main et le transformer aussi en ours. Alors, il balance les deux ours, mère et fils, en l'air et les métamorphose en étoiles, formant les constellations de la Grande ourse et de la Petite ourse. Héra, furieuse, décide qu'ils ne dormiraient jamais et s'adjoint Poséidon, le dieu des océans, dans la combine pour que ces foutus ours n'aient jamais à descendre de la voûte céleste pour se reposer en mer... Ces constellations sont donc à l'origine du nom de l'Arctique (« arktos » en grec). Le pôle Nord céleste est très proche de l'étoile alpha de la Petite ourse, ou Polaris, l'étoile polaire actuelle ! Ce qui me rappelle avec plaisir les "leçons d'astronomie" lors de ma rando en Croatie et qui certainement va donner lieu au p'tit nom d'une embarcation du CKG à immatriculer... :)

Ah, si, j'y pense... j'ai aussi retenu que l'ours polaire commence à avoir la chaire de poule à -40°C et qu'il a des zones de son corps spécifiquement adaptées à son « aération », moyen de libérer son trop-plein d'énergie, comme, par ex., le creux de ses épaules ! Et puis aussi, je me demande bien pourquoi l'ours polaire, par ailleurs excellent nageur, n'utilise pas ses pattes arrière !?? Cela dit, il reste performant puisqu'il peut nager à 10km/h sur une distance de 100 km ! Et puis sinon, pourquoi les ours ne vivent pas en famille ? La femelle va se torcher la prise en charge, l'élevage et l'éducation des oursons pendant en gros les deux premières années de leur vie, devant en plus de cela affronter (rarement ??) les velléités de l'ours mâle qui pourra sans vergogne, s'attaquer aux jeunes proies... Enflure d'ours misogyne et cannibale qui s'attaque à sa propre progéniture... Ah la la, les ourses sont vraiment méritantes, exceptionnelles !

Colloque sur l'ours polaire - dédicace