Et chaque année c'est pareil, arrive avec le 8 mars "la journée de la femme" toute une flopée d'infos et d'intox... flanquée entre la journée internationale des lépreux, des chats noirs et blancs (véridique !), des toilettes, du bonheur, de la plomberie, des câlins, des gauchers et même du tricot (sans rire !)...

Déjà, rien que dans son appellation, c'est énervant. Pourquoi appeler cette manifestation "journée de LA femme" ce qui, à mon sens, la stigmatise un peu trop encore comme objet. Ce n'est pas LA femme mais LES femmes dans leur globalité qui doivent être prises en compte. Et d'ailleurs, cette journée, officialisée par les Nations unies en 1977, porte deux noms officiels : journée internationale de la femme ou journée internationale des droits des femmes ! Elle se veut l'occasion, justement, de faire un bilan sur la situation DES femmes dans la société pour faire aboutir leurs revendications pour l'égalité, l'amélioration de la condition féminine et fêter les victoires et les avancées (pour ne pas citer les nombreux combats hélas encore d'actualité). Mais l'idée de créer cette commémoration est bien antérieure ; elle remonte au début du XXe siècle et l'on ne s'y trompait pas à l'époque, on parlait bien d'une journée DES femmes...

Alors voilà, finalement, je me suis surprise à rebondir de post en post, de site en site et à traînailler tout mon dimanche sur le net autour de la question des femmes.

Des origines de la création d'une journée internationale des femmes...

J'ai ainsi appris que la date du 8 mars trouverait - en France - son origine dans un mythe forgé autour d'une manifestation d'ouvrières américaines du textile en 1857, paru dans l'Huma en 1955, à l'initiative de Madeleine Colin, féministe et secrétaire confédérale de la CGT, souhaitant ce-faisant affranchir cette commémoration de la tutelle du PCF qui l'encadrait depuis son origine, pour en faire la lutte des travailleuses.

L'info, légende ou pas, a été relayée ensuite chaque année par tous les organes de presse militante jusqu'aux quotidiens nationaux et a bel et bien participé à ancrer cette journée dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe et les États-Unis, au début du XXe siècle.

En tous cas, c'est en 1910, au cours de la deuxième conférence de l'Internationale socialiste des femmes à Copenhague, que l'idée d'une « Journée internationale des femmes » est adoptée - sans qu'une date ne soit avancée - sur une proposition de Clara Zetkin, représentante du Parti socialiste d'Allemagne. Cette journée mondiale de manifestations s’inscrivait alors dans une perspective socialiste, internationaliste et révolutionnaire, interprétée aussi comme une façon de s'opposer à l'influence des féministes de la bourgeoisie sur celles du peuple.

C'est assez drôle d'ailleurs car même Lénine, pourtant contre le « féminisme » qu’il considère comme une survivance de la bourgeoisie, instaure cette date commémorative en 1921. Par là, il rappelle l'importance de l’égalité des hommes et des femmes comme condition nécessaire du projet communiste, c'est-à-dire comme l’émancipation de toutes et de tous sans conditions et sans distinction de sexe, de race ou de condition sociale et non pas celle d’un groupe d’individus.

Tiens tiens, dans le même temps, à l'Ouest, l'image de la femme est célébrée au travers de la fête des Mères, adoptée aux États-Unis en 1908, en Angleterre en 1914, en France en 1929 et qui n'est autre que le pendant « bourgeois » de la journée internationale des droits des femmes.

C’est finalement à l’aune de la guerre froide idéologique entre l'Est communiste et l’Ouest libéral qu’il faut voir la réappropriation américaine - qui date des années 1950 - du début historique de la journée des droits des femmes qui traverse opportunément l'Atlantique et gagne en antériorité pour désormais trouver sa source dans une grève à New York en 1857.

... et la boucle est bouclée !

Pour illustrer quelque peu le propos, j'ai trouvé quelques vidéos intéressantes sur le site de Ciné-Archives (qui gère le fonds audiovisuel du Parti communiste français) :

Journée internationale des femmes Document muet montrant différentes vues de la manifestation de femmes de place de la République à la statue de Jeanne d'Arc, le 8 mars 1947 (?)



Journée internationale des femmes Document consacré au congrès fondateur de l'Union des Femmes Françaises, dans le crépitement et la fièvre des journées d'après-guerre, où des femmes du monde entier se croisent à la Mutualité en juin 1945.

Film de propagande montrant le rôle indispensable des femmes dans la vie économique de la France, la vie de l'U.F.F durant l'année 1947, son fonctionnement, son organisation, ses manifestations et son journal Femmes Françaises présenté essentiellement comme un « Journal féminin » même s'il est aussi « un journal de lutte ».

Émission réalisée pour la campagne de Georges Marchais au premier tour des élections présidentielles de 1981 et s'adressant particulièrement aux femmes. Journée internationale des femmes

Au secours ! 1981-2013... et toujours les mêmes revendications !

Sinon, loin de vouloir ni tracer l'historique du féminisme en France et dans le monde ni faire la liste des x raisons d'être féministe, j'ai trouvé aléatoirement quelques pépites tout à fait actuelles et tout aussi intéressantes :

La Marche mondiale des femmes est un mouvement mondial d’actions féministes œuvrant pour éliminer les causes qui sont à l’origine de la pauvreté et de la violence envers les femmes, en luttant contre toutes les formes d’inégalités et de discriminations vécues par les femmes, en visant, par ses valeurs et actions, un changement politique, économique et social (mondialisation des solidarités, égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, respect et reconnaissance de la diversité entre les femmes, multiplicité des stratégies, valorisation du leadership des femmes et force des alliances entre les femmes et avec les autres mouvements sociaux progressistes).

  • ♂ La connaissance, c'est le pouvoir !

Une super initiative : un planisphère qui fait l'état des lieux des droits des femmes autour du monde, l'occasion de se rappeler que la France est loin loin derrière plein d'autres pays, parmi lesquels certains qu'on n'attendait pas... Et par exemple, le premier pays à permettre le vote des femmes est la Nouvelle-Zélande ! On peut naviguer dans le temps en cliquant sur la frise chronologique ou bien passer la souris sur chacun des pays et, en cliquant dessus, obtenir plein d'infos complémentaires.

Propose, sur Libé.com, à mille lieues du combat pour les droits des femmes, un florilège des opérations marketing sexistes organisées pour ce 8 mars. Journée internationale des femmes

  • ♂ “Pussy, mot politique”, un article très intéressant sur l'usage du mot "pussy" comme terme politique...

Évidemment, cela concerne le groupe punk russe Pussy Riot qui, outre les ardeurs révolutionnaires (“riot”), parlait aussi de féminité, de féminisme, de sexe, de sexe féminin, de ce “pussy” un peu tu, un peu tué dans la parole publique car dans “Pussy Riot” il y a “pussy”... Dans cette affaire, les analystes des droits de l’Homme et les intellectuels de cabinet parlent beaucoup de “riot” mais assez peu de “pussy”. C’est le style musical (punk rock et rock alternatif) qui semble dominer dans l’appellation. Mais les jeunes Russes ont bien choisi d’intégrer Pussy dans leur nom. Ce nom de pussy mérite même d’être mis au centre de ce qui se passe à propos de ces jeunes femmes. C’est que le pussy a désormais une assez longue histoire, politique, sociale, culturelle mais surtout profondément humaine...
Source : Paveau M.-A., août 2012 “Pussy, mot politique ”, La pensée du discours - carnet de recherche - consulté le 10 mars 2013.

Voir Quelques liens

Mouvements féministes :

Chiennes de garde ... contre les insultes sexistes publiques et La Meute des chiennes de garde ... contre la publicité sexiste. ♂Collectif National Droits des Femmes (CNDF) ♂Encore féministes !Fédération nationale Solidarité FemmesFéministes en MouvementsFemmes SolidairesHistoire du féminisme à Rennes, association féministe ayant pour objet d'écrire et de transmettre l'histoire des luttes féministes à Rennes, d’œuvrer à la constitution et à la valorisation de sources (archives, témoignages oraux...) sur l'histoire du féminisme à Rennes. ♂La Barbe Groupe d'Action Féministe, association de militantes activistes défendant l’égalité femmes – hommes dans les lieux de pouvoir. ♂La CLEF - Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes ♂La Marche mondiale des FemmesLe Planning FamilialLes Entrailles de Mademoiselle, Nous ne sommes ni des créatures du diable, ni des belles enragées sorties des fantasmes romantiques de révolutionnaires de gauche. ♂Ni Putes Ni Soumises, combat contre la constante dégradation du statut de la femme en France et dans le monde, combat pour la liberté et l’émancipation de tous, pour le vivre ensemble et la démocratie. ♂Osez le FéminismeRe-Belles, association créée à l'occasion des 40 ans du mouvement de libération des femmes pour fêter l'événement puis pour produire, écrire, transmettre les mémoires et débattre des actualités du féminisme français. ♂Ruptures - Collectif de Pratiques et de Réflexions Féministes. ♂TumulTueuses, groupe féministe qui se considère comme radical et anti raciste1 et qui fonctionne en non mixité.

Presse féministe :

''Causette'', le magazine féminin plus intelligent du cerveau que du capiton. ♂''Clara Magazine'', le magazine de l’association Femmes Solidaires. ♂''Prochoix'', la revue qui a sorti un numéro spécial sur les 40 ans du MLF « MLF, le mythe des origines ».

Recherche et patrimoine :

Archives du féminisme, pour la préservation des archives d'associations et de militantes féministes, le développement de la documentation et de la recherche historique en ce domaine. ♂Association Atalante vidéos féministesCentre Hubertine Auclert, espace d’information et d’expertise pour promouvoir une culture de l’égalité entre femmes et hommes. ♂Efigies, association d'étudiant·e·s, doctorant·e·s et jeunes chercheur·e·s en Études Féministes, Genre et Sexualités. ♂Institut Émilie du Châtelet, pour le développement et la diffusion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre. ♂Pensées féministes, carnet de recherche " La Pensée du discours ", espace de réflexion sur la théorie du discours envisagée sous des angles épistémologiques renouvelés.

Voir Enfin... histoire de finir sur une note sonore, féministe et inattendue : Jefferson Airplane, mmmhh, j'aime !!

Journée internationale des femmes Grace Slick chante White Rabbit...
"Grace Slick, dans l'esprit du public, est synonyme de Jefferson Airplane mais, en réalité, elle n'était pas un membre originel du groupe ni à la fin non plus. Mais son importance dans le groupe ne peut pas être sous-estimée. White Rabbit, qu'elle a écrit, a contribué à définir non seulement Jefferson Airplane, mais aussi l'ère de l'acid rock. Sa voix non conventionnelle sur Somebody to Love a donné au groupe son plus grand succès. Comme l'une des premières rock star féminine (par opposition aux chanteurs pop), Grace a contribué à redéfinir le rôle des femmes dans la musique moderne comme allant au-delà d'un sex-symbol soutenu par un groupe".

Icon zik Écouter Jefferson Airplane et "White Rabbit" en Live on The Smothers Brothers Comedy Hour en 1967 from the Dvd "Fly Jefferson Airplane" puis à Woodstock, le 17 août 1969 !

Voir Autres billets : Somebody to love ; « IVG, je vais bien, merci ! » ou qu'est-ce qu'un « droit à »... ? ; La subversion, c'est quoi exactement ?