La Panik d'Asnières en live

Tribulations incongrues d'une fille un peu floue...

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Palabres

Le mot palabre vient de l’espagnol palabra qui signifie parole ou plus généralement mot.

En Afrique, la palabre est une coutume de rencontre et de création ou de maintien de lien social. Elle apparaît comme une véritable institution sociale à laquelle participe toute ou partie de la communauté d'un village. Selon les régions, la palabre peut se tenir dans une maison traditionnelle appelée « case a palabre » (Toguna, Togouna ou To'guna au pays Dogon au Mali mais réservée aux hommes ; la « Grande demeure » en Afrique du Sud) ou sous un « arbre à palabres ». C'est un lieu de rassemblement à l'ombre duquel on s'exprime sur la vie en société, les problèmes du village, la politique, on règle les contentieux. Un lieu où les étudiants se réunissent pour discuter de leur vie sociale et universitaire (au Gabon) et où les enfants viennent écouter conter des histoires par un ancien du village.

Et voilà, dans ma case à moi, je vous invite toutes et tous à palabrer, échanger, confronter mes idées, mes envies, mes rêves et déconfitures... entre inspirations, découvertes ou gros loupés :)

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lundi, février 17 2014

Les blagounettes de Kriss - Mylène Sauloy

On est au Maroc et c'est un couple qui voyage. Ils prennent un auto-stoppeur, c'est un autochtone. Le type, en baragouinant dans un très mauvais français, raconte qu'il part chercher sa femme, qu'il se marie et qu'il va acheter sa femme. Et donc le conducteur, un jeune, s'amuse, et dit ah bah moi aussi je viens de l'acheter, en montrant sa compagne ; on vient de se marier et je viens de l'acheter. Alors le type lui dit combien ? Le conducteur français, amusé, lui dit 500 ? L'auto-stoppeur regarde bien la femme, se penche et puis l'observe et lui dit : c'est cher !

Kriss : Je vais encore me faire engueuler !!!

Icône audio Kriss Krumble. 01/04/2008. Mylène Sauloy (grand reporter, projet caravane Babel Caucase).

Les blagounettes de Kriss - Christian Clot

C'est l'histoire d'un petit chameau qui demande à sa mère : - Maman, à quoi ça sert qu'on ait cette bosse, là ? Elle lui répond : - Ben écoutes, c'est une réserve d'eau et de nourriture pour survivre dans le désert. - Ah bon, et à quoi ça sert qu'on ait de si gros pieds, c'est bizarre ? - Bah, c'est pour pouvoir marcher des heures et das le sable chaud ! - Et pourquoi on a de si longs cils ? - C'est pour se protéger des poussières et des tempêtes de sable ! - Ah bon mais Maman, pourquoi on habite dans un zoo ?

Icône audio Kriss Krumble. 01/06/2008. Christian Clot (la cordillère Darwin).

D'Anna à Ida

Ida©Memento Films Distribution Pologne. 1962. Noir et blanc. Un univers poétique, beau et effrayant.

A 4 jours de prononcer ses vœux, Anna, orpheline d'un couvent de campagne, se voit sommée par la Supérieure d'aller rencontrer sa tante, Wanda, jusque-là une parente inconnue d'elle.

Une de ces femmes dont on devine, en un instant, la lassitude et le mépris de soi qui suscitent forcément la haine des autres (Télérama).

- Anna, novice, pure et innocente : Pourquoi tu n'es pas venue me chercher à l'orphelinat ?
- Wanda : Parce que je ne pouvais pas. Je ne voulais pas.

Dans un format épuré mais néanmoins tranché, aiguisé, radical... on va à l'essentiel et la vérité émerge progressivement. La nonne est juive. Elle s'appelle en réalité Ida. Ses parents, après avoir été cachés dans la forêt, ont été tués durant la guerre. L'oubli. Le déni. Elles, seules rescapées de la famille, de l’extermination dont la Pologne fut l’un des principaux théâtres avec la complicité zélée d’une partie de la population.

- Où sont-ils enterrés ?
- Nulle part
- Comment ça nulle part ?

Personne ne le sait sauf les bourreaux eux-mêmes... et au nom de quoi... ?

Niant l'effort d'une telle démarche et ses conséquences, ou plutôt se refusant à rouvrir la brèche - Wanda plante sa nièce là, après lui avoir lâché les infos de base, suffisantes, sans aucun tact, elle a fait sa b-a. C'est dur, c'est brutal mais elle n'a pas le temps, elle a rdv. On pense - comme elle-même se présente - que c'est une pute. Or, derrière cette quadragénaire en robe de chambre fatiguée et aux cheveux en bataille, on apprend que c'est une juge qui a dégringolé depuis l'époque de " Wanda la rouge " qui envoyait à la potence des traîtres au système, des " ennemis du peuple " par paquets " au nom de dieu sait quoi " (avoue-t-elle aujourd'hui) et sans l'once du moindre remords. Un passé qu'elle ne sait exhorter, un écueil qu'elle voudrait épargner à sa nièce dévolue à Dieu.

La journée passant et le charme opérant, quasi hypnotique, de cette nièce réapparue soudainement mais qu'elle attendait sans doute, depuis longtemps, Wanda prend le risque d'affronter la résurgence de ses souvenirs et de leur passé commun... Elle revient la chercher avant qu'elle ne reparte vers son couvent, plus aimablement voire tendrement, pour effectuer en opposition mais ensemble un périple dans cette Pologne grise et gelée des Sixties. Au bout de leur quête, " la petite sainte " pour découvrir ce qu'elle est, et " la grande pute " - qui glisse à plusieurs reprises que le Jésus de la Sœur aimait les gens comme elle - pour oublier ce qu'elle a été... au bout de leur quête, donc : l'effroi.

Ida ©Opus Film©Photo Sylwester Kazmierczak - Et si, en allant là-bas, tu découvrais que Dieu n'existe pas ? Début pesant du périple.
Oui, je sais, ton dieu est partout.

Un espèce de road-movie où les deux protagonistes découvrent ou redécouvrent - au gré de ces immenses espaces vides - une Pologne amnésique, faite de crimes oubliés, niés, non expiés pour des motifs parfois si vils que l'appropriation d'une maison... Tandis que Wanda s'effondre plus que jamais, se laissant aller enfin à faire émerger sa propre souffrance, Ida, elle, tente de résister à son destin et commence à entrevoir la beauté et la mélancolie de la vie.

Ida ©Memento Films Distribution©Photo Sylwester Kazmierczak J'admire cette Anna-Ida qui assimile une série de révélations dérangeantes dans un calme absolument paradoxal. Dans son habit de nonne, aux souliers noirs et gros bas de laine, elle est à la fois avare de paroles, mutique mais robuste et en harmonie avec ses choix. Le film, d'ailleurs, ne met pas en question ses choix mais l'accompagne dans ce mystère. On se demande à quel point la religion pèse sur elle. C'est comme si nul ne pouvait emplir un espace destiné à un Dieu omniprésent, invisible mais qui tend à effacer les personnalités et les esprits.

J'admire cette Wanda qui s'avère être une femme diablement moderne, enchaînant clopes, verres de vodka et hommes d’une nuit. Elle aussi ne s'épanche pas. Elle agit et quand elle parle, c'est durement. Pourtant, derrière cette facture de roc, une extrême souffrance que cette foutue Ida vient remuer.

Ida ©Opus Film Une narration sobre, simple voire austère, au service d'un trip intérieur dont le trouble profond réside dans une question existentielle que se posent les deux femmes, en gardant leurs émotions enfouies, sans jamais la formuler. En croisant leur chemin, et au-delà d'un parcours initiatique, d'un polar personnel, elles mettent à nu une parabole sur l'amnésie collective, nationale. Ce voyage aura pour conséquence de leur imposer à elles deux la tentation de se soustraire à ce dégoût de la vie qui s’est emparé d’elles.

Dans Ida, le réalisateur témoigne du tragique sans lourdeur ni pathos, éclairant l'indicible d'une pâle lueur d'hiver. Il évoque l'occupation allemande, le régime communiste, mais aussi les questions soulevées par l'importance de la religion catholique dans l'identité nationale. Il explore la question de la foi et le catholicisme à la polonaise, résistance à l’orthodoxie de l’éternel ennemi, l’Empire russe, et la question juive, jamais véritablement montrée de manière politique, culturelle, affective.

Le réalisateur rappelle :

La Pologne d’alors était celle de Wladyslaw Gomulka, celle d’un « socialisme à la 
polonaise ». « La Pologne était cool. Elle lançait les modes à l’Est et était une plaque tournante ouverte vers l’Ouest, c’était l’époque du jazz, des cabarets, des premiers films de Polanski. C’était la vitrine la plus drôle des pays communistes. Alors qu’aujourd’hui, c’est un pays culturellement fade. » (L'Humanité).

Sur la beauté du film, très esthétique ou esthétisante si l'on veut être critique, le réalisateur s'exprime ainsi :

On me dit parfois que je suis un cinéaste intello, mais je suis, bien davantage, un sensualiste. J’ai besoin d’aimer physiquement les images que je fais, les sons, les lumières. Je veux avoir le sentiment d’être avec les personnages dans l’espace que je crée. (Télérama).

Mais dans ce film où la Seconde Guerre mondiale et ses traumatismes remontent à la surface, ce qui est intéressant, c'est l'angle de vue : cette histoire de morts sera liée au pardon et au désir d'aller de l'avant. Ida vit, existe.

Elle est rattachée à une terre qu'elle arpente comme un nouveau né, à un passé qui l'a menée là où elle est et à un futur auquel elle n'avait jamais songé. On la verra rire, pleurer, parler, gagner en expressivité comme en force et tout simplement devenir humaine. (Écran large).

Ida ©Opus FilmIda©Arsenal Filmverleih

Pour finir, Ida marche sur une route. La voilà en route. Elle a vu la médiocrité du monde. Elle croit toujours à un possible au-delà. Et le film ne donne pas de réponse.


Icône vidéo Drame polonais réalisé par Pawel Pawlikowski avec Agata Trzebuchowska, Agata Kulesza, Dawid Ogrodnik, sortie le 12 février 2014 (1h19min).

lundi, février 3 2014

Quelle valeur donne-t-on à la vie ?

Comment aborder la mort, celle d'autrui mais aussi et surtout la sienne ? On en connaît rien, on la fantasme beaucoup, on la redoute,on la dénie voire on l'attend... En quoi et dans quelle proportion notre culture s'ingère-t-elle dans notre façon de l'appréhender, de la rejeter ou de l'absorber voire même de la sublimer.

On jure tous de ne jamais accepter d'en arriver à l'état de légume, et pourtant on ne sait pas comment faire et on finit par subir, plus ou moins consciemment, sa souffrance, sa représentation et son image...
Comment rester maître et responsable de sa vie et donc de sa mort alors même qu'on n'a plus forcément les capacités ni physiques ni parfois intellectuelles d'être acteur ? Personne, en bonne santé mentale et physique, ne choisirait, en effet, de s'emmerder sans occupation, sans échanges, jour après jour, nuit après nuit, d'être un légume tout en souffrant de douleurs multiples et tout ça, souvent, dans un "mouroir" désobligeant... !
Pourquoi dans les faits, c'est encore un "classique", et pourquoi il y a finalement encore tant de gens concernés par ce "vivre jusqu’au boutiste" ? Serions nous dans une géronto-société à ce point amnésique et masochiste ?
Et je ne parle même pas de l'individu lambda qui souhaiterait en finir parce qu'il a jugé par lui-même que sin heure était venue, sans être pour autant souffrant, dépressif ou autre...

La réalité, la vérité, c'est qu'on n'a pas le choix. Et c'est ce qui me révolte. Cela ne date pas d'aujourd'hui ni de la situation délicate actuelle de Mamie, j'ai cette réflexion depuis déjà longtemps, en m'interrogeant sur la liberté individuelle d'en finir, le droit de mourir dans la dignité, ou quand on veut comme on peut.
Je me suis donc interrogée sur le suicide, outre les considérations culturelles et philosophiques, concrètement, comment s'y prendre sans que ce soit non plus absolument synonyme de violence et de radicalité ? Parce qu'à part se jeter sous un train, par la fenêtre, se mettre une balle dans la tête... il n'y a pas vraiment moyen d'organiser sa sortie de manière "douce" sans risquer de prendre le risque d'en réchapper, avec plus ou moins de séquelles... Il existe bien, à l'étranger, des assos qui sont prêtes à t'aider mais il faut souscrire à des critères très exclusifs, genre être en phase terminale d'une maladie incurable... ou alors, je ne sais pas, avoir à faire - avec du pognon - à un tireur à gages... Tu ne peux donc pas te pointer, la fleur au fusil, en disant que l'heure est arrivée et que tu en as assez et que tu souhaites juste trépasser en toute conscience de cause !

Si le fait de se donner la mort est encore jugé comme un acte négatif, un acte de faiblesse, en tous cas un tabou, la gestion et le contrôle de celle-ci par soi-même reste tout simplement inacceptable, même pas pensable dans nos sociétés occidentales. La vie à tout prix est promue comme une évidence, une reconnaissance (à qui ?), une fin en soi voire un don (de qui ?)... d'où la mise en œuvre de procédés que j’appellerais moi "décadents" tels que le jeunisme, l'hygiénisme, etc.

Alors on promeut le sport, le bio, le cosmétique, le vélo électrique, le bien-être, le no-stress, le bio-éthique, le bénévolat, la sophrologie, le paddle-beach-walk, le temps, le "natur pur' comme disent les Allemands... un pack d'épanouissement quoi !! Alors que, parallèlement, on sucre les retraites, on force les séniors à toujours plus se précariser, à remplacer ou compléter les effectifs des caissiers et autres baby-sitters... Mais qui donc aborde aujourd'hui son 4e âge en toute sérénité et quand je n'évoque pas déjà le 3e âge anticipé... ?
Vaste sujet éthico-philosophico-quelquechose mais surtout cultuel et hélas trop sociétal ! Cela dit, c'est très ambivalent car on a aussi parfois - dans le passé - glorifié le suicide comme un exploit, une vraie valeur (qu'en est-il donc des saints, des martyrs, des Romantiques ?)...

Pour en revenir à Mamie, par ex., cela m'invite à creuser la question de l'euthanasie. Je suis allée voir au cinoche "Dallas Buyers Club" dont j'avais entendu une très très bonne critique, notam. l'interview du réalisateur Jean-Marc Vallée dans l'émission du samedi matin "On aura tout vu"... Et bah, c'était super, vraiment vraiment..., j'en suis sortie assez bouleversée mais dans le bon sens du terme, avec tout plein de réflexions... Parmi elles, la relation à la mort et à la vie ; comment dans un même monde, on peut à se point vouloir 1) se battre pour (sur)vivre et 2) vouloir mettre fin à sa vie, en tous cas adopter un comportement suicidaire, deux cas où l'on est acteur de sa vie - ou bien 3) être dans l’incapacité de se battre pour l'un ou pour l'autre (comme Mamie) et subir...

Je m'interroge aussi beaucoup sur l'incidence d'un "accident mortel" auquel on réchappe et qui fait voir, fatalement, la vie autrement...

mardi, janvier 14 2014

Ste Tatiana au musée !

12 janvier, ma fête, d'aucun s'en étonne mais "Tatiana" figure bien dans le calendrier national officiel et je n'en tire aucune fierté - d'ailleurs, tout ne me plaît pas dans sa bio... - juste un prétexte à festoyer !

Masculin nu - Expo Musée d'Orsay Bref, en tout état de cause, pour l'occase, j'ai quand-même choisi de déroger à nos "torses-nus, abdos galbés, imberbes et huilés" préférés du taï pour leur faire une infidélité au stage de Fleury-Mérogis, en tout bien tout honneur : " Masculin/Masculin. L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours "... tout un programme (et en plus, après prolongation, c'était le dernier jour) !

On peut se demander pourquoi une exposition intégralement consacrée au corps de l'homme ? Parce que si "le nu féminin s'expose aussi régulièrement que naturellement, le corps masculin n'a pas eu la même faveur", explique le musée.

Il va sans dire que je ne partage pas du tout l'approche racoleuse du Parisien :

Une exposition osée où sexes et fessiers s’affichent dans 200 œuvres (dé)culottées qui glorifient le nu masculin, de David, le portraitiste du sacre de Napoléon, à Pierre et Gilles, les icônes de la photographie gay d’aujourd’hui.

J'irai plutôt dans le sens du Monde.fr | 25.09.2013 à 08h28 • Mis à jour le 25.09.2013 à 15h25 | Par Philippe Dagen et Cristina Marino

En 1995, le Centre Pompidou présentait "Féminin-Masculin, le sexe de l'art". L'exposition, qui a fait date, était consacrée aux interprétations artistiques de l'hétérosexualité au XXe siècle. En 2013, le Musée d'Orsay présente "Masculin/Masculin", qui n'est pas une exposition consacrée aux interprétations artistiques de l'homosexualité masculine – et c'est bien regrettable. Le sujet, jamais abordé dans les musées, pose des questions politiques, morales, sociales et artistiques centrales. "Féminin-Masculin, le sexe de l'art" n'oubliait ni l'histoire politique, ni celle des mœurs, ni celle des idées. "Masculin/Masculin" est une exposition confuse, parce que dépourvue de toute réflexion historique – absence que l'un des commissaires, Guy Cogeval, revendique comme un mérite quand elle n'est qu'une erreur de méthode (Philippe Dagen).

Au final, j'avoue avoir été un peu perdue dans la scénographie... avec le sentiment de ne pas avoir bien compris la répartition des œuvres dans l'espace et le temps, mélange confus de chrono-thématique avec redites et manque de perspectives.

Ours blanc de Pompon au Musée d'Orsay Vous allez rire, mais qu'est ce qu'il m'en reste ? Une chose qui m'a marquée dès mon arrivée au Musée et le besoin de m'avaler 2 bons cafés au lait avant d'entamer l'expo... Bah ouais, un dimanche matin, arrivée en vélo, faut bien au moins ça pour attaquer... Alors que j'hume, sirote, avale mes deux cafés d'affilée, je reste scotchée sur la découverte du sculpteur François Pompon (1855-1933) et de son Ours blanc, juste à proximité. Je kiffe. Ours blanc de Ponpom au Musée d'Orsay Peu importe qu'il soit interdit de prendre des photos, je fais ma rebelle et, mine de rien, j'en prends quand-même.

François Pompon (1855-1933) Ours blanc entre 1923 et 1933 Statue en pierre H. 163 ; L. 251 ; P. 90 cm Paris, musée d'Orsay © Musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Sophie Boegly / Pinon

L'"Ours blanc" reflète la volonté de l'artiste de simplifier la forme de ses sculptures, de polir les surfaces et de supprimer les détails. Envoyé au Salon d'automne de 1922, cette œuvre tranche par son modernisme sur l'esthétique de la sculpture réaliste héritée du XIXe siècle et lui vaut une célébrité tardive. Icône main Notice détaillée du Musée d'Orsay : François Pompon - Ours blanc

Et puis sinon, anecdotique, tout au début de l'expo, il est question de Belzébuth mais ignare que je suis, je n'identifiais pas son rôle aux côtés de Satan... Alors il s'agit d'un dieu païen du monde sémite, seigneur de tout ce qui vole, un démon, un des princes couronnés de l'Enfer.

Enfin, après une pause "touriste" à la librairie, je m'en reviens avec 2 cartes postales d'un ours et d'un chat et un petit ours en porte-clé... Oui bon, bah, c'est ma fête et j'fais ce que j'veux !!

De quoi enquiller sur une belle journée, retour vélo vers Asnières, bouffe au Cercle (ma petite brasserie de la gare !) puis soirée Fête des reines chez oim.......................

dimanche, décembre 29 2013

Messmer, performer

Messmer dans Métronews Voilà, personnellement, je n'avais jamais entendu parler de ce showman hors norme avant de lire un article dans le Métronews du jeudi 5 décembre 2013... Mais quel est donc ce raz-de-marée populaire autour de ce chum à la popularité grandissante entre Montréal, Paris et le reste du monde ? Que signifie ou révèle cet engouement pour ce performer hypnotiseur ?

Messmer, son parcours
Après avoir été initié à l'hypnose très jeune, avoir pratiqué longuement l'hypnothérapie en cabinet, Messmer est devenu, depuis les années 1990, un artiste québécois de 42 ans pratiquant l’hypnose sur scène.
En fait, c'est l'histoire d'une transmission improbable... Alors que son grand-père hypnotisait des poules pour qu'elles pondent, celui-ci lui offre un grimoire à ce sujet. A son tour, vers 7 ans, il prend son chien pour premier cobaye et le croit mort ! Vers 9 ans, il s'exerce sur ses copains d'école puis, vers 15 ans, il commence à faire des spectacles dans les arcades des villages près de chez lui pour finalement, vers 16-17 ans, présenter ses premières « représentations » sous une forme simple, dans le cadre de soirées privées. En 1995, à 24 ans, il prend le pseudo de Messmer pour rendre hommage à Franz-Anton Mesmer, fondateur de la théorie du magnétisme animal (ou mesmérisme), mais également sous la pression de son entourage, afin de garder un côté mystique. En réalité, l'hypnose moderne n'a rien de mystique ni d'ésotérique. Les techniques d'hypnose ont beaucoup évolué et se fondent désormais principalement sur les suggestions verbales et non pas sur un pouvoir magnétique.
En 2007, à 36 ans, il débute la tournée de son premier spectacle, Messmer Fascinateur à Montréal. Il veut montrer aux gens que notre subconscient est puissant et que nous pouvons faire de grandes choses avec la force de l'esprit mais qu'on ne s'en sert pas assez. Il n'est pas un simple guérisseur et souhaite démystifier l'hypnose d'où l’envie de sensibiliser le grand public à ces techniques qui ne devraient plus être seulement de "dernier recours". Ce premier spectacle s'inspirait du théâtre de rue des années 1920-30, burlesque, où lui comme l'illusionniste d'alors irait de village en village...
Le 20 janvier 2012, Messmer présente la dernière représentation Montréalaise de son spectacle Fascinateur au Centre Bell, et y réalise le défi qu’il s’était lancé, soit de réaliser le plus grand numéro d’hypnose collective. Il a donc fasciné 422 personnes en moins de 5 minutes (*).
Dans son second spectacle, il paraît qu'il va plus loin. Il est question de voyager dans le temps puisque le subconscient ne fait pas la différence entre le vrai et le faux, entre l'espace et le temps. Messmer propose à son public de lui faire vivre cette aventure éclatée sur scène, et à lui de vivre ce rêve, de se laisse emmener par son imaginaire, à travers le temps, l'espace mais aussi son subconscient... depuis la création de l'Homme, ou de sa propre naissance, jusqu'à incarner des acteurs de films mythiques, en passant par l'enlèvement d'une phobie, etc.
Icône audio Messmer parle de son nouveau spectacle Intemporel by: 949Rouge
Icône vidéo Un portrait sympathique de Messmer : Portraits à la carte Visioscène - Messmer, le Fascinateur - 12:21 - Youtube

Olympia, Paris, samedi 28 décembre 2013 : j'y étais !
Messmer Intemporel Olympia 28 déc. 2013 Et puis, la période des fêtes venant, cela m'est revenu ; l'occasion, l'ambiance et l'envie soudaine, bref un contexte idéal pour aller le voir et se lâcher un peu, en toute légèreté ! Ça tombe bien tiens, 50% de réduc' à l'Olympia à l'occasion des fêtes. C'est parti.
Quel est mon état d'esprit ? Hé bah on va se divertir sur un fond de grande curiosité : quelles sont les méthodes, les techniques employées ? Quelles sont les personnes sujettes ou pas du tout ? Y a-t-il un profil particulier ? Comment est-ce possible en nombre et collectif dans un contexte de spectacle ? Comment occulter la réalité, outre les volontaires, tous ceux qui dans la salle sont "sujet"/"victimes"/"sensibles"... et réagissent complètement aux consignes ? Quel est le libre arbitre du sujet ? Quelle manipulation ou déviance serait possible . N'y-a-t-il pas quand-même des trucages ? Autant de questions qui taraudent le spectateur, comme moi...

Y a t-il un profil particulier d'hypnotisable ?
Le spectacle se veut d'emblée sur un mode big show, gros moyens, grands écrans, roulement de tambours et vidéos-récap' de ses interventions dans les médias... on va en avoir plein les pupilles et les ouïes !!
Pour bien commencer, il procède aux fameux tests de réceptivité car ce sont les spectateurs eux-mêmes qui vont réaliser le show. Il faut donc trouver dans la salle les bons sujets volontaires pour aller sur scène. " Allez-y, décroisez les jambes, mettez les pieds bien à plat au sol, les mains jointes comme si on faisait une prière, paume contre paume, au-dessus de la tête, on ne peut plus les écarter, et maintenant, dépliez les index, en direction du plafond, les index sont séparés... "
Icône audio Entrevue messmer le fascinateur 1 by: NRJ 94.3 Montréal
Icône vidéo Test d'hypnose - Messmer à l'Olympia - déc. 2013
Donc donc donc, il s'agit bien d'interagir et de créer un lien avec le subconscient des gens, de voir jusqu'où il peut aller mais les gens restent en état d'éveil car, effectivement, l'état d'hypnose chez un individu désigne un état modifié de conscience, bien distinct du sommeil. Selon les écoles, l'hypnose serait un état mental modifié ou un état imaginatif... En tous cas, Messmer d'affirmer : " C'est sans danger mais sans filet " de quoi être totalement rassuré... arghhh
D'ores et déjà, après ce premier test assez simple, une tripotée de personnes semble sensible, touchée et se porte même volontaire pour être cobaye sur scène ! Messmer doit faire le tri et renvoyer le "surplus" pour la 2e partie du spectacle.
En réalité, tout le monde est vraiment hypnotisable... plus ou moins facilement et rapidement. L'hypnose de spectacle fonctionne probablement grâce à une combinaison de facteurs psychologiques, à la sélection des participants grâce à des tests de réceptivité, la suggestibilité et la scénographie. L'artiste arrive à fasciner un spectateur entre autres grâce au désir de celui-ci d'être le centre d'attention.

Jusqu'où peut-on aller ?
C'est notre conscient qui nous structure, nous façonne, nous régit. Notre subconscient se libère du concept du temps, il est intemporel. La puissance du subconscient peut révêler des forces en nous. (041) Dans le subconscient, il y a 9 paliers... mais on peut parler de 4 niveaux principaux de conscience et chaque personne a un niveau de réceptivité différent, à son énergie, à son magnétisme :

  • 1er niveau du cerveau, Bêta : la conscience, on intellectualise, on réfléchit, on vaque à nos occupations...
  • 2e niveau, Alpha : le subconscient, l'état hypnotique, l'état somnambulique... c'est le niveau du rêve, de l'imaginaire, c'est aussi l'endroit où il emmène le public sur scène
  • 3e niveau, Teta : le sommeil profond
  • 4e niveau, Delta : le sommeil très très profond, les capacités vitales du cerveau fonctionnent toujours mais au minimum.

Bien entendu, il serait dangereux pour les personnes que le subconscient ne puisse refuser la suggestion. Le subconscient est là pour nous protéger, de nous-mêmes et de notre environnement, même dans un état hypnotique, même dans un état somnambulique... et une chance que c'est comme ça ! Ainsi, une personne physique sous hypnose va agir selon ses valeurs profondes, ses capacités physiques et ses émotions. C'est pourquoi, on peut voir le même spectacle plusieurs fois sans s'en lasser puisque que les gens - qui sont les vrais humoristes du spectacle - réagissent différemment aux différents mises en situation.

Mais que ressentent les "victimes" ?
ils sont conscients de ce qu'ils font, ils le font et ne peuvent d'ailleurs pas s'en empêcher... quitte à en avoir un peu honte une fois "réveillés" car ils se souviendront de tout ! En tous cas, pour le public, c'est palpitant, époustouflant, fascinant !

Et moi, vous allez m'dire ?
Hé bien la mayonnaise n'a pas pris mais il faut que je vous avoue que je n'y ai pas mis du mien... J'ai pas joué le jeu des tests de réceptivité... D'ailleurs, c'est drôle, il a bien dit qu'il n'était pas conseillé pour les gens médicamentés (genre antidépresseurs), alcoolisés, drogués ou femmes enceintes de se livrer à de telles aventures... Alors moi, j'ai bu un verre de vin avant le début du spectacle et puis j'en ai bu un autre à l'entracte... alors voilà...

En attendant, à la fin du spectacle, je fus la dernière à partir de la salle, poussée par les vigils, car j'observais tant que possible deux personnes du public qui restaient en état d'hypnose malgré la fin du spectacle...

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(*) " Il était statistiquement relativement facile de réaliser un tel exploit, sachant qu'un certain pourcentage de la population fait partie des gens plus sensibles à l'hypnose. Donc, en remplissant le Centre Bell d'environ 4 000 personnes, il y a statistiquement un 10 à 15% des gens qui sont plus sensibles à l'hypnose, du moment où elles veulent entrer en hypnose avec les suggestions verbales de l'hypnotiseur. Rien à voir donc avec un supposé magnétisme animal ou un pouvoir quelconque. La plupart des autres hypnotiseurs de spectacle auraient eu sensiblement le même résultat si elles avaient eu un budget aussi faramineux." (Source : wikipedia)

lundi, novembre 11 2013

Dolto, la prêtresse ?

Lors d'un passage à ma bibliothèque-discothèque de quartier et d'une razzia d'une dizaine de disques musicaux, j'empruntais aussi, par hasard, l'intégrale de l'Anthologie radiophonique, 1976-1977 : Lorsque l'enfant paraît vol. 1 et 2, réalisée à partir de l'émission Le Temps de vivre présentée et animée par Jacques Pradel sur France Inter et dans laquelle Françoise Dolto répond aux lettres d’auditeurs.
Sur une totalité de 100 émissions - 1000 questions / réponses conservées à l'INA, soit 375 heures d'enregistrement, les réponses apportées par Françoise Dolto aux problèmes de l'enfance ont été choisies en fonction de leur pertinence et du traitement du sujet.
Vol 1 : La naissance, la famille, la jalousie, la propreté, l'école ;
Vol 2 : Sexualité, le manger, le dormir, le parler, séparations ;
Vol 3 : Ordre, désordre, adoption, jeux, agressivité.

Dolto : Anthologie radiophonique France Inter 1976-1977 vol. 1-3
Grande première et grand succès pour l'époque : confier à une psychanalyste renommée le soin de parler de l'éducation des enfants, avec simplicité, aux parents/auditeurs.

Finalement, c'est l'occasion de creuser un peu car si je connais de nom cette figure emblématique de la pédiatrie et la psychanalyse de l'enfant, je n'en connais pas réellement l’œuvre, le contenu, ses propos, ses théories, ses innovations... Bon, évidemment, c'est juste une première approche car je n'ai pas l'intention, par ce biais, d'explorer les fondements théoriques de sa pensée !

Dolto : portrait et en famille
Anthologie radiophonique © 2004 Frémeaux & associés.

Un mardi soir, alors que je me rends à l'entraînement polo en voiture, je commence l'écoute de cette anthologie. Je pars donc de « zéro » en quelques sortes et, à la première écoute, je reste « open ». Mais assez rapidement, sans « tiquer », je « relève » tout au moins quelques éléments qui m’interpellent... Comment dire simplement ? Je ne sais pas quelle est la part induite par l'époque, nous sommes en 1976-1977 et dans ses propos - un peu datés -, la femme est la mère, la « manman », à la maison, au foyer, celle qui assure le quotidien, celle qui va préparer la petite valise de son mari lorsque celui-ci est de métier itinérant... et puis le mari, c'est lui qui intercède, celui qu'on appelle pour « normaliser » la situation... Elle serait sur le terrain et lui régulerait... Une impression « vieille France » dans ses propos qui me gênent mais que je ne relève pas pour autant sur le moment.

Michel Onfray & Françoise Dolto @ France Info Là-dessus (et ne sachant pas que j'ai emprunté l'Anthologie Dolto audio !), ma reum m'envoie un lien pour écouter un entretien de Michel Onfray sur France infos à l'occasion de la publication Le magnétisme des solstices chez Flammarion et de sa signature, justement, de la préface du livre de Didier Pleux : François Dolto, la déraison pure, chez Autrement.

Dans cette préface, il s'attaque à la célèbre pédo-psychanalyste Françoise Dolto et en parle comme d'une femme toxique qui décrédite parents, éducateurs et enseignants et affirme qu'elle fut également vichyste.

"Il suffit de l'écouter pour se rendre compte que, pendant des années, elle a servi une soupe sur les ondes qui a été terrible. Une pensée totalement magique parce que c'était la psychanalyse, que c'était une femme et la radio. Elle a fait beaucoup de mal et il suffit de regarder ce que sont aujourd'hui les relations parents-enfants."

Boudiou, un peu comme un déclic, je me sens alors dédouanée et déculpabilisée d'avoir osé ressentir une émergence de critique vis-à-vis du mythe... ! M'enfin, là-aussi, c'est une autre figure, une autre personnalité qui m'en donne le "droit"... mais bon, bref. C'est alors que j'aboutis à une réflexion plus personnelle : quelle est ma part d'auto-critique vis-à-vis d'une personne qui sait, d'une personne de référence, d'une personne qui fait autorité ? Je m'interroge beaucoup sur ma propre éducation, personnelle et familiale mais aussi institutionnelle et caractéristique d'un système d’éducation nationale qui ne pousse pas à développer l'esprit critique de ses sbires mais plutôt à en faire de précieux petits soldats bachoteurs, cette éducation donc qui m'encourage à « respecter » l'ordre établi, la connaissance, le maître, l'adulte... l'autorité, le pouvoir en somme ! Entre respecter et se soumettre, la frontière est mouvante et poreuse... Pour en revenir à Dolto, je m'aperçois donc que j'ai le réflexe quasi « inné » - pour caricaturer un peu - de prendre pour argent comptant ce que dit cette grande Dame.

F. Dolto @ Psychologies.com

Alors, elle-même s'en défend et, justement, dans cette émission, elle aime « s'adresser à des gens qui n'iraient pas voir des spécialistes parce qu'ils s'expriment trop mal. Ce sont toujours les gens les plus intéressants, ceux qui n'ont pas été déformés par l'école. Ils pensent par eux-même. C'est pour cela que les intellectuels ne l'intéressent pas comme public ».
Elle prend le parti « d'utiliser cet instrument radiophonique (qui comme la télé laisse de plus en plus entrer dans les maisons la voix de tout le monde qui n'a rien à voir avec la vie de la famille et qui se met à avoir plus d'importance) pour dire aux parents qui attendent tout de ces voix de gens qui qui soi-disant " savent " puisqu'ils parlent sur les ondes, qu'au contraire, ce sont eux qui savent, sur leur enfant et sur eux et c'est entre eux qu'il faut qu'il y ait des relations de paroles et exprimer ce qu'ils ressentent ». C'est ce qu'elle appelle « le bon sens, retrouver l'intuition parentale où chaque enfant est différent parce que chaque famille est différente et que chaque couple crée un climat différent ».

Lors de ma deuxième écoute, il m'est du coup un peu plus facile de remettre tout ça dans le contexte, celui de ma propre naissance (la claque !), une époque où ce type d'émission était une grande première et où France Inter « prenait le risque de confier à une psychanalyste renommée le soin de parler de l'éducation des enfants » ! D'ailleurs, « dans l'opinion agitée sur la question de la pertinence de ce programme inhabituel dans la forme et le ton, semble-t-il pour l'époque, il est intéressant de constater que beaucoup de psychanalystes étaient eux-mêmes choqués considérant la discipline ainsi dévoyée, désacralisée en quelque sorte ». D'autre part, il me semble plus évident qu'il faut être indulgent vis-à-vis des « raccourcis » éventuels voire certains parfois dont elle use, mais qui sont sans doute dûs au format de diffusion à l'antenne et au public destinataire ; n'oublions pas, en effet, qu'il s'agit de vulgarisation. Et puis enfin, en dehors de l'intérêt des questions/réponses, il faut aussi et surtout écouter cela comme un document témoignant de la société et de l'état de la famille à cette époque.

Dolto, Pradel et Catherine à l'antenne de France Inter Anthologie radiophonique © 2004 Frémeaux & associés.

Alors ce qui est assez drôle, c'est que lorsqu'une fois à Sunset, je raconte à ma reum que j'ai écouté Dolto tout au long du trajet, elle se « braque » et m'explique qu'elle ne veut pas/plus l'entendre, très peu pour elle, elle en a soupé et selon elle, cela a encouragé le concept de « l'enfant roi » qu'elle réprouve plus que tout.

Oui, c'est vrai, si les uns l'accusent d'avoir engendré le phénomène de « l'enfant roi », les autres la remercient d'avoir mis fin au « dressage » des petits. Il n'en reste pas moins que son idée selon laquelle l’enfant n’est pas la propriété des parents, a été révolutionnaire. Françoise Dolto a voulu mettre fin à l'idée selon laquelle le bébé n'était qu'« un tube digestif » (comment ne pas penser à Amélie Nothomb ?), sans conscience, ni inconscient. Pour elle, c’est « un sujet à part entière », comme l'adulte. Ainsi, l'enfant est « un être en construction, mais qui ne peut pas se développer correctement sans l'éducation des adultes - donc sans leur autorité ». Dans ce sens, elle invite les parents à ne pas faire de l’enfant l’être central de la famille, ce qui va à l'encontre de « l'enfant-roi ».

Alors oui, j'ai bien conscience qu'il existe plusieurs registres d'enseignement, d'infos, de discours et enfin, d'appropriation de tout ça... Je comprends que je ne suis pas psy, ma mère non plus...et que rien que ça, il nous manque tout un tas de connaissances, d'arguments, pour appréhender les propos de Dolto, qui se veulent malgré tout, a priori, accessibles à tous, mais dont il subsiste forcément des raccourcis qu'il nous faut assumer. Oui, je pense que les éléments sur lesquels j'ai tiqués par ex., n’existent que parce que je n'ai pas une connaissance plus approfondie du sujet et, surtout, que le format de l'émission ne s'y prête guère. Rappelons-le, il s'agit d'une émission radio libre et très accessible et populaire vis-à-vis surtout de la « femme-mère-ménagère », représentative du public d’auditeurs de l'époque !

Ainsi, « elle ne prétend pas savoir à la place des parents ni mieux qu'eux, elle veut les aider à réfléchir, à travers son expérience de psychanalyste, de femme et de mère, à prendre position sans trancher avec la vérité. Elle les engage à dire le vrai qui concerne l'enfant en cherchant les mots justes pour eux et pour lui. Elle dédramatise et elle rappelle des choses très simples, mais qui il y a 25 ans, n'allaient pas de soi : les humains ont besoin de parler de ce qui les concerne, les enfants cherchent du sens à tout ce qui les entourent et ils sont intelligents dès leur naissance. Il n'y a pas d'âge pour parler vrai. Éduquer, c'est rendre autonome (...). Elle invite les parents à se responsabiliser plutôt qu'à se culpabiliser, ce qui leur permettra d'en faire autant pour leurs enfants (...). Il s'agit d'un pensée complexe où revient sans cesse l'idée que l'enfant doit être périphérique dans la vie de ses parents et non pas au centre. On est loin de l'enfant roi ! ».

En outre, et cela fait écho à mon interrogation plus personnelle que j'évoquais plus haut, à l'opposé de mon éducation, Françoise Dolto sortait les enfants de leur statut social d’enfants, étymologiquement celui qui n’a pas droit à la parole (et je ne connaissais pas cette définition). Radicalement différent donc, de mon parcours personnel où au contraire, je n'avais pas - en tant qu'enfant - mon mot à dire jugé forcément inutile, inintéressant, illégitime et même pas envisageable... eu égard au « respect » du parent, de l'adulte, de l'ancien, de l'autorité... même arbitraire... plus tard du prof, de l'employeur, etc.

Aldo Naouri & Françoise Dolto @ France Info Enfin, vla'ti'pas que j'entends une interview d'Aldo Naouri sur France Info qui explique que selon lui, Dolto a fait une grosse erreur avec son émission radio car ses propos auraient été déformés et détournés vers l'enfantdolâtrie... au profit d'un discours vulgarisé et accessible par tous... !

Quelque part, elle aurait été victime de son succès, « méconnue parce trop connue, sa pensée complexe aurait été déformée à force d'être relayée par certains qui ne l'avaient peut-être pas assez bien comprise ni entendue dans sa subtilité et c'est parfois en son nom qu'on perpétue des habitudes qu'elle aurait récusées avec force ».

Toutes les citations sont extraites du livret du coffret audio, soit dans l'introduction Anthologie radiophonique par Catherine Dolto, pp. 3-6 soit dans l'entretien Françoise Dolto répond à Téléciné, pp. 12-23.

Icône audio Françoise Dolto s'entretient avec Raymond Charette (diffusion 8 octobre 1972) - Les Archives de Radio-Canada

Médecin et psychanalyste, Françoise Dolto s'entretient avec Raymond Charette, l'animateur de Rencontres, qu'elle a reçu chez elle, à Paris, un an après la publication de Psychanalyse et pédiatrie, paru en 1971 aux éditions du Seuil. Avec une capacité de vulgarisation remarquable, elle parle des différences entre religion, spiritualité et morale, et aborde aussi sa conception de l'enfance, de la liberté, du bien et du mal. Selon elle, la psychanalyse a apporté un souffle nouveau à la spiritualité. Elle explique les raisons de l'intérêt des psychanalystes pour la Bible.

Dolto à Radio Canada en oct. 1972

Icône main Liste des œuvres de Françoise Dolto

Icône main Association Archives et Documentation Françoise Dolto ayant pour but de diffuser, faire connaître, protéger l’œuvre de Françoise Dolto.

Icône audio France culture, Les Racines du ciel, Le monde sacré de l'enfant (di. 10 nov. 2013, 9h10) avec Sevim Riedinger, psychologue clinicienne et psychothérapeute depuis 20 ans, chargée de cours à la faculté de médecine de Créteil. Le monde secret de l’enfant est son premier ouvrage chez Carnets nord.

lundi, octobre 28 2013

Une 4 fromages...

Et voilà que ces derniers jours, je me suis (re)mise à cuisiner... en 2 semaines, j'ai dû faire 3 tartes aux poireaux et à la bière ! Oui bon bah, c'est pas très varié mais c'est ma préférée !

Et puis là, outre mon classique pain de Gênes - le pendant de ma tarte aux poireaux, version sucrée - non, allez, c'est juste mon gâteau préféré depuis mon enfance !, je viens de tester pour la prems de ma vie une tarte aux 4 fromages...

Ok, j'avoue avoir suivi une putain de recette basique de chez basique...

" Garniture : 80 g de chacun des fromages suivants : comté, mimolette, bleu de Gex, Munster. Avec une spatule en bois, tracez sur la pâte quatre parts égales, puis, sur chaque part, déposez un des 4 fromages coupé en lamelles. Faites cuire au four préchauffé à 200°C (th. 6) pendant 15 minutes. Laissez refroidir et servez dans le plat. Conseil boisson : Chinon ".

La principale difficulté, s'il fallait en trouver une, était due à l'approvisionnement des ingrédients : j'ai remplacé le Munster par du chèvre et puis mon bleu n'était pas forcément de Gex ! En terme de technicité, même la plus piètre des cuisinières comme moi ne peut que s'en sortir puisqu'il n'y a rien à faire d'autre que de disposer les frometons sur la pâte et d'embarquer au four... hé bien même ça, j'en suis bof capable, vouiiii ! Lisez la suite...

Tout est dans l’interprétation de la recette... Qui a dit que la cuisine - même basique - n'avait pas sa part de poésie, d'imaginaire, de création ??

Alors moi, dépourvue de toute jugeote, si c'est écrit, je suis le précepte et là, en l’occurrence, la recette stipule : " sur chaque part, déposez un des 4 fromages coupé en lamelles " ! Alors, comment vous comprenez cela ? Ahhhh, ahhhh, j'ai donc - en bonne élève - disposé un fromage par quart de tarte ! C'est la recette qui le dit !

Bon, je ne dis pas qu'une effluve de doute ne m'a pas traversé l'esprit, qu'un quelconque doute ne m'a pas assaillie, que rien ne m'a chiffonnée... quelque chose de l'ordre de l'interrogation, de la remise en cause, que dis-je, de la rébellion ! Mais, c'est pas un peu bizarre comme disposition quand-même ? Comment respecter le principe d'égalité lors du découpage, de la distribution et, finalement, de la dégustation sans rentrer dans des calculs triangulaires et savants de partages des parts... ?!? Et personne n'y verra d'ailleurs une quelconque tentative d'euphémisme comparatif avec nos questions éco-politico-sociétales de répartition des richesses... Ok, j'avoue, c'est pas très "glamour" comme exercice de style pour démontrer mes capacités d’interprétation poétique d'une recette super basique...

Que nenni, je porte ma confiance à la recette et enfourne. Le lendemain, je l’apporte donc aux cobayes de mon équipe polo féminine, lors d'une sacro-sainte journée d’entraînement à Corbeil et les commentaires fusent... Pas forcément négatifs mais... "dubitatifs" : ah, c'est marrant comme t'as fait... Comment on fait pour partager ? Alors faut choisir ? Pourquoi pas...

Bah, je m'sens un peu con... l'autorité de la recette a eu raison de moi !

J'aurais pu / du aller plus loin mais là, la palme revient à Inès, ma capitaine : elle m'a suggéré que, sans avoir à mélanger mes 4 fromages, j'aurais pu les disposer en cercle et du coup, chaque "goûteur" aurait eu les 4 fromages sur sa part ! Et là, elle m'a surprise ! Je me suis immédiatement demandé quelle part en elle se révélait entre la créativité et la rationalité ?

En tous cas, sa suggestion m'a bien plu et c'est comme cela que je retenterai cette tarte la prochaine fois... avant d'en faire un "melting-pot" façon pizza 4 fromages ! D’ailleurs, après moultes discussions sur pourquoi 4 fromages et pas trois, et pas cinq... j'ai appris que la "4 fromages" venait de la "4 saisons"... quoi de plus naturel !

Bon, au final, la tarte est bien partie... mais désolée, pas de photos ! Faut pas déconner, on était là pour une journée polo pas gastro !!

jeudi, octobre 24 2013

Oubangui-Chari quoi ?

On n'a jamais fini d'apprendre sur l'histoire de l'empire colonial français,lde la présence française dans le monde mais en Afrique, elle est encore plus méconnue qu'ailleurs, me semble-t-il...

En répondant à une requête de type généalogique pour un administrateur de Génériques en lien avec l'Algérie française, j'ai pu tomber sur l'info suivante (qui n'a rien à voir) :

A côté de l'Algérie, des Comores, de Madagascar, du Congo, du Gabon, du Tchad, de la Mauritanie, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Maroc, du Niger, du Sénégal, de la Tunisie... qui sont autant de noms connus (à défaut de connaître leur histoire... ), qui connaît donc l'Oubangui-Chari ??

Okey okey, j'avoue, c'est certainement moi qui suis ignare...

Oubangui-Chari, carte de 1889 © Le dessous des cartes (Arte)

L'Oubangui-Chari, colonisé par les Français à la fin du XIXe siècle, est devenu République centrafricaine le 1er décembre 1958 ; le pays a proclamé son indépendance le 13 août 1960 (in Myriam Provence, Rechercher ses ancêtres, Paris : Éditions Autrement (coll. Généalogies), 2008, p. 40).

Oubangui-Chari, maquette de timbre-poste © blog-philatélie.com

Oubangui-Chari, dessin de Jylbert, 1943 © swaen.com

À partir du XVIIe s. et surtout du XVIIIe s., le pays est ravagé par diverses épidémies puis par la traite esclavagiste arabe et ensuite européenne. Les premiers colons et missionnaires ont foulé la terre centrafricaine en 1884. Ce territoire fait partie du Congo français jusqu'en 1894 où il devient une colonie à part entière. Puis, le territoire est disputé entre Allemands, Belges, Britanniques et Français et, après de multiples traités, la France finit par obtenir le territoire en 1903 suite à la défaite des troupes égyptiennes. L'Oubangui se révèle, en effet, une voie de passage obligée vers le Nord dont la domination constitue une étape dans la construction de l'Empire colonial français, qui veut joindre, sans discontinuer, Alger, Dakar et Brazzaville. En 1911, l'ouest de la colonie est intégré au Cameroun allemand (redevenant français en 1919). En 1914, il est réuni au Territoire militaire du Tchad sous le nom d'Oubangui-Chari-Tchad. Après que le Tchad ait pris son autonomie en 1922, l'Oubangui-Chari est rattaché, en 1936, à l'Afrique équatoriale française (AEF). Enfin, le territoire devient autonome (1958) puis indépendant (1960) sous le nom de République centrafricaine.

Waoualouh !! Je comprends que Bangui, c'est la capitale ; que la population se répartit entre les "gens de la savane" et les gens du fleuve" ; qu'on y parle le sango et le français ; que l'Oubangui - outre qu'il est englobé dans la dénomination "Congo" - est une rivière et que, par ailleurs, le Chari est bien un fleuve qui y prend sa source pour se jeter dans le lac Tchad !

République centrafricaine, environnement © Le dessous des cartes (Arte)

Aujourd'hui, la République centrafricaine est une énigme géopolitique. Après une histoire coloniale violente, suivie par une instabilité politique et militaire chronique, ce pays enclavé est en proie à des mouvements armés multiples, à la fois internes et externes. Une situation à l'origine d'une catastrophe économique, mais surtout humanitaire (Le Dessous des cartes, Arte).

Icône main La Centrafrique abandonnée en plein drame humanitaire

jeudi, juin 13 2013

La subversion, c'est quoi exactement ?

A la fin du spectacle ''L'Art de rire'', je demande à Bertrand ce que veut dire exactement « subversion », « être subversif » ? Difficile à exprimer, à traduire... et c'est un des mots dont je cherche régulièrement la définition... Et lui de me répondre à brûle pour point « C'est ce qui remet en cause la société ».

Selon Wikipedia, la subversion (latin subvertere : renverser) désigne un processus par lequel les valeurs et principes d'un système en place, sont contredits ou renversés.

Signe de Vénus Ahhh, une « vieille », une vraie, pas une « personne âgée », pas une « senior », une qui, justement, « ne maquille pas les mots car c'est maquiller la pensée ; or, ce sont les mots qui véhiculent la pensée ! ». Une comme je n'en connais pas... Elle a 86 ans et se fait tatouer le poignet, encouragée par ses petites filles, avec le signe de Vénus, le signe des femmes. « C'est les voyous qui se font tatouer » ! « Je mourrai comme ça, la canaille, et bien j'en suis » !

Therese Clerc Mariée à 20 ans, mère de quatre enfants, Thérèse Clerc divorce en 1969 car « le prince charmant n’était ni prince, ni charmant », « ennuyeux de jour comme de nuit »... C'est alors que commence une vie de militante féministe active : elle découvre les joies de l’homosexualité et de la libération féminine, elle participe au MLF, milite à la CGT et au PSU et crée un groupe de contestation féministe au sein de l’Église. En 1997, elle commence à réfléchir à un projet de maison de retraite autogérée pour les femmes, la Maison des Babayagas, à Montreuil...

Le droit des femmes, le féminisme, la militance

« Ces petits mouvements de gauche, ça a été ma véritable université. Notamment le Mouvement de la paix, qui existe toujours. Une autre école, une deuxième université, celle du collectif, de la militance. Vous êtes en collectif ! La vie collective, c'est ce qui vous rend intelligent. La misère est collective et donc politique.

« C'est la subversion qu'il faut apprendre aux enfants plutôt que la dentition de la taupe !
C'est la subversion qui fait que l'Humanité change, qui fait changer le monde, grâce à ce qui déborde. Les grands changeurs de l'Histoire, c'était des gens qui étaient un peu, même pas hors-norme, mais des gens qui ne voulaient plus de l'injustice. Et ils étaient dits subversifs et par conséquent des marginaux. Et ces marginaux-là, ils avaient souvent le sens du sacré.

Sa 1e fois dans la rue ?
« Une des premières grandes manifs pour la loi sur l'avortement. On était toutes comme des folles pour réclamer la loi Veil. Il y avait plein de vieilles sur le trottoir qui disaient « Allez-y les filles, allez-y. Moi, j'ai avorté 6 fois, allez-y ! ». Il y avait un bonheur, une joie, une insolence, il fallait gagner. Cette loi qui nous avait quand-même crucifier pour beaucoup d'entre nous. L'avortement clandestin, c'était la cause de mortalité la plus importante entre 18 et 50 ans ! Le nombre de filles qui mourraient en pleine jeunesse parce que ça s'était mal passé. Il faut savoir ce qu'était un avortement, c'est pas drôle un avortement ! Ici, par exemple, sur la table, on a fait des avortements. Les médecins nous ont appris à faire des avortements. Aujourd'hui, on a la possibilité de réguler la natalité, c'est probablement la plus grande invention du XXe siècle.

Therese Clerc

A 42 ans, presqu'une vieille en 1968

« Qu'est-ce qui fait qu'elle ouvre ses petites ailes à l'infini pour découvrir un champ de liberté si beau, une telle puissance, un tel allant, une telle énergie qui ne l'ont jamais quittée ? Qu'est-ce qui provoque la métamorphose d'une femme qui faisait ses cornichons et ses confitures en élevant ses 4 enfants dont elle ne s'est jamais lassée et qui l'ont comblée mais dans un mariage médiocre et enfermant ?

Moi, j'aime beaucoup le sexe qui pense et tu vois, je pense à travers mon cul.

« Mai 68, ça a été l'insurrection, la résurrection, le, bonheur, l'insolence, vouloir la vie autrement, changer le monde ! C'était comme une écluse qui s'ouvrait. Les femmes se sont mises à parler. Il y a eu alors une très grande vague d'homosexualité féminine car les femmes se libéraient et elles se libéraient en ignorant le coït et le sexe des hommes.
Un moment si magnifique, avec les copines, se passer les cheveux au henné, enfiler des belles robes et on parlait du plaisir, mais du plaisir dans le détail, et bien entendu avec des grands rires, des histoires salaces, des choses énormes, des gros mots... interdits dans notre éducation. Mais la grossièreté, ça faisait partie du plaisir, on osait, on se donnait le droit de dire et alors le dire évidemment avec des mots orduriers. C'est quoi des gros mots ? Bah on parlait de son cul, on disait « ah putain », on jurait « mais non de dieu », alors que c'était absolument, presqu'un pêché ! Et alors on émaillait nos récits de « il me fait chier », « il m'emmerde »...
Petit à petit, elles s'apercevaient qu'elles parlaient encore beaucoup des hommes. Avec le temps, avec l'âge et le grand âge, elle a compris que les femmes souffraient du syndrome de la paire de couille qui leur bouche les yeux et les oreilles. L'enjeu pour elles, c'est l'homme. Le jour où elle sont guéries du syndrome de la paire de couille dans la tête, elles commencent à émerger alors à leur propre identité. Et ce jour-là est aussi un moment parfait.

Il n'y a rien de plus beau dans la vie d'un être humain que d'accéder à la liberté qu'il s'offre.

« Élevée dans un catholicisme étroit, dogmatique, avec plein de belles cérémonies... Quand elle s'est mariée, elle a changé de paroisse pour rentrer chez les Fils de la charité qui, en même temps qu'ils tenaient l'église, étaient des prêtres ouvriers. Elle a donc appris Marx à l'église. Elle est devenue une femme de gauche à l'église, ce qui est assez rare. Et elle avoue que l’Évangile d'une main et le Capital de l'autre, ça peut faire assez bon ménage.

« Elle a changé profondément sa vie. Et à un moment, les Apôtres, dans les Écritures, après la résurrection, disent "Ils ne l'ont point reconnue". Hé bien elle, elle est une ressuscitée de la vie conjugale. Chacun sait que le mariage est une mauvaise action et donc elle, elle a quitté la mauvaise action pour rentrer dans la bonne action qui est celle du célibat... du célibat très habité, c'est vrai...

Therese Clerc

« En 68, nous avons toutes essayé un peu d'homosexualité même si ce n'était pas notre choix sexuel de naissance mais nous avons pensé que, pour être radicales, il fallait quitter l'homme jusque dans la sexualité. Et, effectivement, l'homosexualité, pour nous lesbiennes, est devenue politique. Alors ça fait rire les petites jeunes aujourd'hui, qui disent "Mais non, c'est de l'ordre du désir, du plaisir". Oui, ça, c'est en plus. Mais quitter les mecs, jusque dans l'intime, c'est profondément politique !

Et le Mariage pour tous ?

« Dans l’Évangile, dans le Nouveau testament, il n'y a pas l'ombre d'une virgule sur la sexualité. On trouve sur l'amour mais l'amour, c'est une définition extrêmement vaste. Le mariage pour tous, elle est pour à deux mains, à deux pieds, à tout son corps. La loi est faite pour tous, la démocratie c'est l'égalité devant la loi !

L'art de vieillir

« On est vieux, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a. Vieillir vieux c'est bien, vieillir bien c'est mieux. La vieillesse n'est pas un naufrage. La vieillesse n'est pas une pathologie. C'est le plus bel âge de la vie, celui de la pleine liberté. La vieillesse est un moment parfait, où la capacité de bonheur ne peut pas être plus remplie. On est extrêmement bienveillant en vieillissant. On est extrêmement libre. Les hommes sont moins gâtés ; la vieillesse est moins bénéfique, moins bienveillante aux hommes ».

Maison des Babayagas « Une maison pour les vieilles, une maison autogérée, citoyenne, solidaire et écologique parce qu'il y a peu de solutions quand on est vieux... vieilles car il faut savoir que dans les pays industriels, les vieux sont les vieilles, et qu'à 80 ans, il y a 7 fois plus de femmes que d'hommes. Les solutions proposées aujourd'hui aux vieilles sont la maison de retraite, solution pas très très séduisante ou alors rester chez soi à tout prix...
Un spa, une université des savoirs des vieux, 150 m² destinés à l'intelligence, au corps, à la recherche, à une nouvelle anthropologie, car le but de la Maison des Babayagas est de changer le regard des vieux sur eux-mêmes, le regard des vieux sur la société et le regard de la société sur les vieux. On est beaucoup dans la force de proposition et dans la force de réparation d'une société qui est en train de se déliter.

Pour conclure

Il y a trois verbes magnifiques dans la vie : rêver, oser et créer. * Rêver, parce que rêver c'est ce qui concourt à l'utopie et que l'utopie est la fille du désir. Et l'utopie, les désirs, les rêves sont effectivement les objets du désir. * Oser, on se met tous ensemble et on ose quelque chose qu'on n'avait jamais osé. * Créer, créer sa vie, créer la société, créer la vie des autres. Et ça, c'est lumineux et cela lui semble le nec plus ultra de toute une vie.

Therese Clerc

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Icône audio France Inter - Eclectik par Rébecca Manzoni : Thérèse Clerc - « J'ai bien vécu, j'aurais bien mouru ! », La minute de solitude de Thérèse Clerc - 05/05/2013.
Icône audio France Inter - Tête à tête par Agathe André : Sa liberté de parole sur le plaisir - 8/02/2013.
Icône audio France Culture - L'Atelier intérieur - Numéro 20. Les années (59 minutes) - 07/01/2013.
Icône vidéo ''Thérèse Clerc, le troisième âge du féminisme'' : portrait en diaporama de la féministe Thérèse Clerc, fondatrice de la maison des femmes de Montreuil et de la maison de retraite pour militantes, « La maison des babayagas ». Réalisé pour l'Institut Français de Presse en 2012 par Julie Chouteau et Séverin Graveleau.
Icône vidéo ''Insoumise à nu'' : portrait en son et images de Thérèse Clerc, citoyenne solidaire et féministe de la première heure, Élisabeth Schneider. « La vieillesse, ce temps qui a magnifié ».
"Insoumise à nu" d'E. Schneider
Icône vidéo ''Rêver, oser, créer''. Entretien avec Laureline Amanieux © 2010. Réalisation Lucas Chiari et Soffian Desrayaux. Photos : © Thérèse Clerc. Générique : © David Fenech.
Icon zik France Culture - Sur les docks - Portraits de femmes (3/5) - La maison des Babayagas (Rediffusion de l’émission du 23 avril 2007) - 04/03/2009.
Icône main La maison des Babayagas
Icône vidéo "Le but des Babayagas, c’est de changer le regard des vieux sur eux-mêmes... sur la société... et le regard de la société sur les vieux". Entretien avec Laureline Amanieux © 2010. Réalisation Lucas Chiari et Soffian Desrayaux. Photos : © Thérèse Clerc. Générique : © David Fenech.
Icône main Danielle Michel-Chich, Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs, Éditions des Femmes - Antoinette Fouque, 2007.
Icône main Au cinéma ou en DVD : « ''Les Invisibles'' », le film-documentaire de Sébastien Lifshitz avec Thérèse Clerc, qui parle avec beaucoup d'humour et de finesse du délicat sujet des couples homosexuels, femmes ou hommes, nés entre les deux guerres mondiales.
Icône audio Écouter une chanson écrite et chantée par Colette Renard, Les nuits d'une Demoiselle, 1963, dans une version "non épurée"... :) --> de la 24e minute à la 27e minute... à écouter ABSOLUMENT !!!
Icône main Autre billet : ♂ 8 mars, journée internationale des droits des femmes

mardi, juin 4 2013

Jos Houben

Art du rire : Jos Houben Dans l'Art du rire, Jos Houben prend la pédagogie comme alibi et il l'annonce dés le début : " je vais vous expliquer pourquoi et comment on rit " ! Ce one-man-show, solo, vraie-fausse conférence, séminaire, master-classe " pourrait avoir comme sous-titre A-t-on le choix de rire ? Il s'agit d'un mode d'emploi avec des exercices et des conseils pour ceux et celles qui aimeraient faire rire ou ceux qui ont déjà essayé sans grand succès et qui aimeraient améliorer leur technique " !

Entre philosophie et anthropologie et en s'appuyant sur le langage corporel, il dissèque les mécanismes du rire en analysant leurs causes et leurs effets au travers de nos mimiques, nos gestes, nos comportements, nos déséquilibres, tension ou relâchement du corps. Il révèle au travers de nombreux exemples irrésistibles puisés dans notre vie quotidienne leur caractère saugrenu et burlesque. Comédien d'un œil expert, il retranscrit sur scène ce phénomène très riche, humain, mental, collectif, personnel… qu'est le rire et qui continue de nous échapper. Ce faisant, il soulève des questions scientifiques, psychologiques et philosophiques ; il parvient ce tour de force consistant à théoriser sur le rire pour instruire en amusant ! " Il s'agit de rire de nous, de notre commune aventure humaine, de ce mouvement perpétuel, presque musical, entre notre chute et notre désir d'élévation... et d'atteindre par là une forme de grâce. "

D'ailleurs, c'est bien la verticalité qui est au cœur du spectacle, comme un combat toujours renouvelé de l'homme pour tenir debout et rester digne de son statut d'Homo sapiens, d'Homo erectus et d'Homo luden (qui rit). " On se tient droit debout. Nous sommes une tour, presque une faute de la nature. Ça ne devrait pas marcher un truc comme ça. On cherche le déséquilibre ". Le rire, c'est la chute et, à nous public, il nous redonne notre corps dans des sketchs alliant la pratique et la théorie. D'ailleurs, après 12 millions d'années d'évolution, on est encore capable de se rouler par terre de rire...

Art du rire : Jos Houben
Mais Jos Houben, c'est qui ? Un artiste belge né en 1959 qui voulait être " ingénieur du rire " et s'est intéressé aux magiciens. Comédien, metteur en scène et prof dans une école qui a changé sa vie : l’École nationale de théâtre Jacques Lecoq, c'est aussi un philosophe qui a su risquer, oser car pour faire du théâtre, il faut du courage. Ainsi, il s'est attaqué au rapport au corps, mais pas le corps spécialiste ou spécialisé, pas celui du sport, pas celui du cirque mais plutôt l'art et la justesse du mouvement, la virtuosité du geste. Il s'agit de retrouver la vie qui s'est sclérosée, de retrouver la danse du corps concret mais qui nous échappe totalement, d'exprimer la vraie grâce du corps car une personne vraiment gracieuse, est la personne qui accepte complètement les émotions et l'état de son corps.

En conclusion, " ça marche " et c'est même magique, intelligent, fin et réellement drôle... d'un rire franc, léger et libérateur. Un spectacle dont la justesse d'observation, la façon de restituer nos gestes les plus anodins, notre façon d’être en société, de donner le change, d'essayer de rester digne, en toutes circonstances nous renseignent sur la nature humaine. Avec l'Art du rire, c'est Jos Houben qui est sur scène mais c'est nous qu'on regarde, en fait. Alors à la question " Mais pourquoi tu ris ? ", une petite fille de répondre " Parce que c'est drôle ! "

Art du rire : Jos Houben

Icon main Site de Jos Houben





Icon main École Internationale de théâtre Jacques Lecoq ou " l’anti-conservatoire ", pour aller vite, fondé sur le travail du corps plus que sur le texte. L'école Lecoq, c'est l'école du corps, l'école où s'explore de manière unique le langage corporel au théâtre. L’artiste lui-même réfute l'étiquette de « théâtre corporel » par une remarque pleine de bon sens : « Je n’ai jamais vu un comédien venir sans son corps ».

Icon main Théâtre du Rond-Point : fiche spectacle, biographie.

Icon zik France Inter - Eclectik, émission du dimanche 19 mai 2013 avec Jos Houben.

lundi, mai 27 2013

Une expérience bouleversante

Pour leur faire vivre le racisme de l'intérieur, elle a frappé un grand coup...

Pour sensibiliser ses élèves aux mécanismes de la discrimination, une institutrice québécoise s'est livrée à une expérience bouleversante. Elle a séparé sa classe en deux groupes, les petits et les grands. Pendant une journée, elle a systématiquement favorisé le groupe des petits. Et le lendemain, elle a donné tous les privilèges aux grands. L'exercice a fonctionné de façon sidérante : qu'ils tiennent le rôle des bourreaux ou celui des victimes, les enfants se sont totalement pliés aux règles de la ségrégation.

Un reportage de Pascale Turbide et Lucie Payeur à Saint-Valérien-Milton, QUébec (publié en janvier 2012), la leçon de discrimination en trois actes :

Icon main 1er acte
Icon main 2e acte
Icon main 3e acte

"Cette expérience s'appuie sur des bases scientifiques solides. Depuis plus de 50 ans, des chercheurs s'efforcent d'étudier la psychologie des groupes entre eux. Pr. Henri Tajfel Un des pionniers de ce champ de recherches est le professeur Henri Tajfel, un survivant des camps nazis, qui a voulu comprendre d'où viennent les préjugés et les discriminations. Dans les années 1960, en Grande-Bretagne, il a réalisé ses premières expériences de séparation de groupes.
"Henri Tajfel, dans ses études originales, a réussi à démontrer que la catégorisation "eux-nous", tout simplement, et aussi l'identification à son propre groupe, est suffisante pour créer un effet de discrimination en faveur de notre propre groupe et contre l'autre groupe.
Expérience instit 1971 "Comment prouver que les humains discriminent naturellement ? Tout simplement en séparant un groupe en deux selon des critères souvent absurdes. Automatiquement, les membres de chaque groupe se mettent à favoriser les membres de leur groupe au détriment de l'autre.
"Qu'est-ce que ça dit sur la nature humaine ?
"Certains pensent qu'on a ce comportement depuis les primates, qui est un peu un comportement de tribu ou de clan, simplement parce que dans la nuit des temps, les humains avaient à se défendre entre eux.
"Les travaux d'Henri Tajfel ont inspiré toute une génération de chercheurs en psychologie sociale et même des enseignants du primaire."

Et moi, j'ai la larme à l’œil, c'est normal Dr ?

The eye of the storm, ABC News 1971. The Conspiracy, BBC 1975

samedi, mars 30 2013

Oeufs de Pâques

Oeufs de Pâques

dimanche, mars 24 2013

Des femmes "costaud"

Qu'est-ce qu'une femme « costaud » ? Qu'appelle-t-on une femme « forte » ? C'est étrange cette façon de valoriser les femmes par des caractéristiques, valeurs et représentations typiquement masculines...

Petit extrait de son entretien avec Rébecca Manzoni dans Éclectik du dimanche 13 mars, à l'occasion de la sortie en salle de son 4e long métrage, Queen of Montreuil, « un film sur la façon dont on peut s’aider les uns les autres avec folie, déraison et presque sans faire exprès ».

Rebecca : Dans les films que vous avez faits, documentaires ou de fictions, ce sont souvent des portraits de femmes, et précisément des portraits de femmes... « costauds » {enfin, moi, j'dis, autant dire « costaudes », non ?}.
Dans un documentaire avec 5 filles braqueuses de banque, ou un portrait de Louise Michel, communarde, déportée en Nouvelle-Calédonie, d'une certaine façon, ce sont des combattantes.

Solveigh : Oui, ce genre de femmes combattantes m'ont guidée dans ma vie et en Islande, il y a beaucoup de femmes comme ça. Les femmes sont fortes. Et en même temps, là par exemple, je suis en train de monter un film, Lulu, femme nue, adapté d'une bande-dessinée et là, c'est un personnage totalement en creux, au début en tous cas. Une femme qui est transparente, qui ne sait pas qui elle est, qui est perdue mais qui va avancer et avancer en faisant des rencontres. Mais c'est plus compliqué de raconter une histoire comme ça parce que du coup, le personnage n'est pas vraiment dans l'action et cette femme-là, je l'aime beaucoup aussi.

Rebecca : Vous dîtes qu'il y a beaucoup de femmes comme ça en Islande, que ce sont des femmes qui vous intéressent et vous ont guidée. Vous avez parlé de votre mère mais quelles sont les autres femmes qui vous ont guidée ?

Solveigh : Déjà, toutes les autres femmes de la famille, ma grand-mère avait 11 sœurs et frères et mon grand-père aussi donc il y avaient beaucoup de femmes de très forte trempe là-dedans, genre par exemple, pour diriger une entreprise de poisson, très actives, mais c'est général en Islande parce que les hommes partaient en mer et c'est une tradition qui est restée... les juges, les pasteurs, les avocates...
Et puis on a eu en Islande une femme présidente, Vigdís Finnbogadóttir (*), qui a fait quatre mandats. Elle était une femme, célibataire, ayant adopté un enfant et elle a eu un cancer. A un moment, un truc m'avait vraiment marquée, elle avait fait une conférence de presse pour parler de politique et y avait un journaliste qui lui a demandé - c'était avant qu'elle soit élue - mais comment vous penser gouverner ce pays avec un seul sein ? C'était un truc un peu rentre-dedans et elle, elle a répondu du tac au tac : « J'entends gouverner ce pays et pas l'allaiter, question suivante ». J'ai trouvé ça hyper fort.

(*) Vigdís Finnbogadóttir, née en 1930 à Reykjavic, a été présidente de l'Islande entre 1980 et 1996, au cours de quatre mandats successifs. Elle est la première femme au monde élue au suffrage universel direct à la tête de l'exécutif d'un État.

Icon main Filmographie : Queen of Montreuil. Comédie de Solveig Anspach - 2011
Anne et les tremblements. Court métrage de Solveig Anspach - 2010
Louise Michel la rebelle. Histoire de Solveig Anspach - 2010
Back Soon. Comédie de Solveig Anspach - 2008
Stormy Weather. Drame de Solveig Anspach - 2003
Reykjavik, des elfes dans la ville. Documentaire de Solveig Anspach - 2001
Made in the USA. Documentaire de Solveig Anspach - 2001
Haut les cœurs ! Comédie dramatique de Solveig Anspach - 1999
Par amour. Documentaire de Solveig Anspach - 1989

Icon main Écouter Éclectik du dimanche 10 mars 2013, l'émission de Rébecca Manzoni avec Solveigh Anspach.

dimanche, mars 10 2013

♂ 8 mars, journée internationale des droits des femmes ♂

Et chaque année c'est pareil, arrive avec le 8 mars "la journée de la femme" toute une flopée d'infos et d'intox... flanquée entre la journée internationale des lépreux, des chats noirs et blancs (véridique !), des toilettes, du bonheur, de la plomberie, des câlins, des gauchers et même du tricot (sans rire !)...

Déjà, rien que dans son appellation, c'est énervant. Pourquoi appeler cette manifestation "journée de LA femme" ce qui, à mon sens, la stigmatise un peu trop encore comme objet. Ce n'est pas LA femme mais LES femmes dans leur globalité qui doivent être prises en compte. Et d'ailleurs, cette journée, officialisée par les Nations unies en 1977, porte deux noms officiels : journée internationale de la femme ou journée internationale des droits des femmes ! Elle se veut l'occasion, justement, de faire un bilan sur la situation DES femmes dans la société pour faire aboutir leurs revendications pour l'égalité, l'amélioration de la condition féminine et fêter les victoires et les avancées (pour ne pas citer les nombreux combats hélas encore d'actualité). Mais l'idée de créer cette commémoration est bien antérieure ; elle remonte au début du XXe siècle et l'on ne s'y trompait pas à l'époque, on parlait bien d'une journée DES femmes...

Alors voilà, finalement, je me suis surprise à rebondir de post en post, de site en site et à traînailler tout mon dimanche sur le net autour de la question des femmes.

Des origines de la création d'une journée internationale des femmes...

J'ai ainsi appris que la date du 8 mars trouverait - en France - son origine dans un mythe forgé autour d'une manifestation d'ouvrières américaines du textile en 1857, paru dans l'Huma en 1955, à l'initiative de Madeleine Colin, féministe et secrétaire confédérale de la CGT, souhaitant ce-faisant affranchir cette commémoration de la tutelle du PCF qui l'encadrait depuis son origine, pour en faire la lutte des travailleuses.

L'info, légende ou pas, a été relayée ensuite chaque année par tous les organes de presse militante jusqu'aux quotidiens nationaux et a bel et bien participé à ancrer cette journée dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe et les États-Unis, au début du XXe siècle.

En tous cas, c'est en 1910, au cours de la deuxième conférence de l'Internationale socialiste des femmes à Copenhague, que l'idée d'une « Journée internationale des femmes » est adoptée - sans qu'une date ne soit avancée - sur une proposition de Clara Zetkin, représentante du Parti socialiste d'Allemagne. Cette journée mondiale de manifestations s’inscrivait alors dans une perspective socialiste, internationaliste et révolutionnaire, interprétée aussi comme une façon de s'opposer à l'influence des féministes de la bourgeoisie sur celles du peuple.

C'est assez drôle d'ailleurs car même Lénine, pourtant contre le « féminisme » qu’il considère comme une survivance de la bourgeoisie, instaure cette date commémorative en 1921. Par là, il rappelle l'importance de l’égalité des hommes et des femmes comme condition nécessaire du projet communiste, c'est-à-dire comme l’émancipation de toutes et de tous sans conditions et sans distinction de sexe, de race ou de condition sociale et non pas celle d’un groupe d’individus.

Tiens tiens, dans le même temps, à l'Ouest, l'image de la femme est célébrée au travers de la fête des Mères, adoptée aux États-Unis en 1908, en Angleterre en 1914, en France en 1929 et qui n'est autre que le pendant « bourgeois » de la journée internationale des droits des femmes.

C’est finalement à l’aune de la guerre froide idéologique entre l'Est communiste et l’Ouest libéral qu’il faut voir la réappropriation américaine - qui date des années 1950 - du début historique de la journée des droits des femmes qui traverse opportunément l'Atlantique et gagne en antériorité pour désormais trouver sa source dans une grève à New York en 1857.

... et la boucle est bouclée !

Pour illustrer quelque peu le propos, j'ai trouvé quelques vidéos intéressantes sur le site de Ciné-Archives (qui gère le fonds audiovisuel du Parti communiste français) :

Journée internationale des femmes Document muet montrant différentes vues de la manifestation de femmes de place de la République à la statue de Jeanne d'Arc, le 8 mars 1947 (?)



Journée internationale des femmes Document consacré au congrès fondateur de l'Union des Femmes Françaises, dans le crépitement et la fièvre des journées d'après-guerre, où des femmes du monde entier se croisent à la Mutualité en juin 1945.

Film de propagande montrant le rôle indispensable des femmes dans la vie économique de la France, la vie de l'U.F.F durant l'année 1947, son fonctionnement, son organisation, ses manifestations et son journal Femmes Françaises présenté essentiellement comme un « Journal féminin » même s'il est aussi « un journal de lutte ».

Émission réalisée pour la campagne de Georges Marchais au premier tour des élections présidentielles de 1981 et s'adressant particulièrement aux femmes. Journée internationale des femmes

Au secours ! 1981-2013... et toujours les mêmes revendications !

Sinon, loin de vouloir ni tracer l'historique du féminisme en France et dans le monde ni faire la liste des x raisons d'être féministe, j'ai trouvé aléatoirement quelques pépites tout à fait actuelles et tout aussi intéressantes :

La Marche mondiale des femmes est un mouvement mondial d’actions féministes œuvrant pour éliminer les causes qui sont à l’origine de la pauvreté et de la violence envers les femmes, en luttant contre toutes les formes d’inégalités et de discriminations vécues par les femmes, en visant, par ses valeurs et actions, un changement politique, économique et social (mondialisation des solidarités, égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, respect et reconnaissance de la diversité entre les femmes, multiplicité des stratégies, valorisation du leadership des femmes et force des alliances entre les femmes et avec les autres mouvements sociaux progressistes).

  • ♂ La connaissance, c'est le pouvoir !

Une super initiative : un planisphère qui fait l'état des lieux des droits des femmes autour du monde, l'occasion de se rappeler que la France est loin loin derrière plein d'autres pays, parmi lesquels certains qu'on n'attendait pas... Et par exemple, le premier pays à permettre le vote des femmes est la Nouvelle-Zélande ! On peut naviguer dans le temps en cliquant sur la frise chronologique ou bien passer la souris sur chacun des pays et, en cliquant dessus, obtenir plein d'infos complémentaires.

Propose, sur Libé.com, à mille lieues du combat pour les droits des femmes, un florilège des opérations marketing sexistes organisées pour ce 8 mars. Journée internationale des femmes

  • ♂ “Pussy, mot politique”, un article très intéressant sur l'usage du mot "pussy" comme terme politique...

Évidemment, cela concerne le groupe punk russe Pussy Riot qui, outre les ardeurs révolutionnaires (“riot”), parlait aussi de féminité, de féminisme, de sexe, de sexe féminin, de ce “pussy” un peu tu, un peu tué dans la parole publique car dans “Pussy Riot” il y a “pussy”... Dans cette affaire, les analystes des droits de l’Homme et les intellectuels de cabinet parlent beaucoup de “riot” mais assez peu de “pussy”. C’est le style musical (punk rock et rock alternatif) qui semble dominer dans l’appellation. Mais les jeunes Russes ont bien choisi d’intégrer Pussy dans leur nom. Ce nom de pussy mérite même d’être mis au centre de ce qui se passe à propos de ces jeunes femmes. C’est que le pussy a désormais une assez longue histoire, politique, sociale, culturelle mais surtout profondément humaine...
Source : Paveau M.-A., août 2012 “Pussy, mot politique ”, La pensée du discours - carnet de recherche - consulté le 10 mars 2013.

Voir Quelques liens

Mouvements féministes :

Chiennes de garde ... contre les insultes sexistes publiques et La Meute des chiennes de garde ... contre la publicité sexiste. ♂Collectif National Droits des Femmes (CNDF) ♂Encore féministes !Fédération nationale Solidarité FemmesFéministes en MouvementsFemmes SolidairesHistoire du féminisme à Rennes, association féministe ayant pour objet d'écrire et de transmettre l'histoire des luttes féministes à Rennes, d’œuvrer à la constitution et à la valorisation de sources (archives, témoignages oraux...) sur l'histoire du féminisme à Rennes. ♂La Barbe Groupe d'Action Féministe, association de militantes activistes défendant l’égalité femmes – hommes dans les lieux de pouvoir. ♂La CLEF - Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes ♂La Marche mondiale des FemmesLe Planning FamilialLes Entrailles de Mademoiselle, Nous ne sommes ni des créatures du diable, ni des belles enragées sorties des fantasmes romantiques de révolutionnaires de gauche. ♂Ni Putes Ni Soumises, combat contre la constante dégradation du statut de la femme en France et dans le monde, combat pour la liberté et l’émancipation de tous, pour le vivre ensemble et la démocratie. ♂Osez le FéminismeRe-Belles, association créée à l'occasion des 40 ans du mouvement de libération des femmes pour fêter l'événement puis pour produire, écrire, transmettre les mémoires et débattre des actualités du féminisme français. ♂Ruptures - Collectif de Pratiques et de Réflexions Féministes. ♂TumulTueuses, groupe féministe qui se considère comme radical et anti raciste1 et qui fonctionne en non mixité.

Presse féministe :

''Causette'', le magazine féminin plus intelligent du cerveau que du capiton. ♂''Clara Magazine'', le magazine de l’association Femmes Solidaires. ♂''Prochoix'', la revue qui a sorti un numéro spécial sur les 40 ans du MLF « MLF, le mythe des origines ».

Recherche et patrimoine :

Archives du féminisme, pour la préservation des archives d'associations et de militantes féministes, le développement de la documentation et de la recherche historique en ce domaine. ♂Association Atalante vidéos féministesCentre Hubertine Auclert, espace d’information et d’expertise pour promouvoir une culture de l’égalité entre femmes et hommes. ♂Efigies, association d'étudiant·e·s, doctorant·e·s et jeunes chercheur·e·s en Études Féministes, Genre et Sexualités. ♂Institut Émilie du Châtelet, pour le développement et la diffusion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre. ♂Pensées féministes, carnet de recherche " La Pensée du discours ", espace de réflexion sur la théorie du discours envisagée sous des angles épistémologiques renouvelés.

Voir Enfin... histoire de finir sur une note sonore, féministe et inattendue : Jefferson Airplane, mmmhh, j'aime !!

Journée internationale des femmes Grace Slick chante White Rabbit...
"Grace Slick, dans l'esprit du public, est synonyme de Jefferson Airplane mais, en réalité, elle n'était pas un membre originel du groupe ni à la fin non plus. Mais son importance dans le groupe ne peut pas être sous-estimée. White Rabbit, qu'elle a écrit, a contribué à définir non seulement Jefferson Airplane, mais aussi l'ère de l'acid rock. Sa voix non conventionnelle sur Somebody to Love a donné au groupe son plus grand succès. Comme l'une des premières rock star féminine (par opposition aux chanteurs pop), Grace a contribué à redéfinir le rôle des femmes dans la musique moderne comme allant au-delà d'un sex-symbol soutenu par un groupe".

Icon zik Écouter Jefferson Airplane et "White Rabbit" en Live on The Smothers Brothers Comedy Hour en 1967 from the Dvd "Fly Jefferson Airplane" puis à Woodstock, le 17 août 1969 !

Voir Autres billets : Somebody to love ; « IVG, je vais bien, merci ! » ou qu'est-ce qu'un « droit à »... ? ; La subversion, c'est quoi exactement ?

vendredi, février 15 2013

Camille redouble

Mon premier rapport à ce film, je l'avoue, est assez négatif et tout emprunt d'a priori. Vierge de toute critique extérieure, ma première réaction - à la lecture du synopsis - me fait lâcher dans un soupir : « mais qu'est-ce que ce gros navet encore ? ». L'affiche, honnêtement venait corroborer ces premières impressions tout à fait subjectives et irréfléchies : un énième film sur la jeunesse dans le genre truc d'ados pour ados attardés. Camille redouble

Deuxième rapport à ce film : j'en parle avec une collègue du boulot, qui forte de sa formation à Sc. Po. et en école de journalisme, de sa fonction « webmaster éditorial », et de sa reprise d'études en master histoire immigration/histoire cinéma - franco-allemand... bref, une tête, non ? hé bah, elle, l'intello, me dit que c'est génial. Ouarf. J'en ai suffisamment entendu, cela m'intrigue mais le temps passe.

Troisième rapport à ce film qui a raison de moi : la semaine promotion du ciné avec Télérama ce qui permet de revoir un film sélectionné ! Alors, là, je m'dis que trop c'est trop, que je ne dois pas rater l'occase et c'est comme ça que je vais voir Camille redouble à l'Alcazar.

Camille, elle a déjà un certain âge (dans les 53 balais mais bon, y a comme un mystère là car si son mec la plaque 25 ans après qu'elle ait eu un gosse à 16 ans... ça lui fait 41 ans... m'enfin, c'est bien connu, j'suis nulle en calcul mental !) - d'ailleurs, c'est bizarre car pour moi, ayant eu justement une de mes meilleures amies de lycée s'appelant Camille, je ne peux concevoir d'associer ce prénom-là à cet âge-là ! - Camille donc, elle a déjà une fille de 25 ans et un mec, le père, qui la quitte pour une autre. Elle erre chez elle, dans la rue, dans son boulot, dans sa tête, dans sa vie. Elle erre, désespère et noie sa colère et son chagrin dans l'alcool... jusqu'à un 31 décembre, minuit, au comble de la fête, au comble du bonheur simulé, au comble de l'hypocrisie, un silence, une pause, une bulle (de trop), un potentiel renouveau s'immortalisent dans un beau coma éthylique qui l'expulse de sa propre vie et la renvoie à ses 16 ans.

Camille redouble
Et la voilà plongée à nouveau dans le monde de son adolescence, avec ses copines de l'époque, ses parents d'alors, en plein milieu des années 1980. Elle a soudainement le pouvoir de changer le cours de sa vie déjà passée mais qui reste à venir, de ne pas retomber dans les mêmes pièges, d'aller vers d'autres horizons... Connaissant son futur, elle a le pouvoir d'interférer sur son passé.

Camille redouble Après un superbe générique, je suis déjà très touchée par cette femme amochée. C'est la réalisatrice elle-même qui joue ce rôle. Elle est formidable et joue sans aucun effet spéciaux. Dans ce corps bien peu adolescent, évidemment source de burlesque, autant dire qu'elle porte la jeunesse autrement. C'est un film émouvant et drôle. La réalisatrice a gardé les rêves de son époque, d'où une certaine exaltation en offrant la possibilité de refaire sa vie, en se posant des questions, en parlant de choses graves et tristes avec légèreté, humour et sensibilité, en refaisant éventuellement les mêmes conneries... Mais il rappelle surtout le degré supérieur de conscience de Camille : elle sait tout des vingt-cinq années suivantes, qui va se marier, tomber malade, mourir... Se recueillir ou agir, l'héroïne hésite.

Camille redouble
Ainsi, par exemple, elle s'empresse d'enregistrer la voix de sa mère, l'autre personnage d'une présence physique incroyable (Yolande Moreau) et dont elle sait la mort imminente, pour en garder, cette fois, la trace.

En amour et à la lumière de ce qu'elle sait déjà avoir vécu, elle cherche alors, non seulement à résister au fameux coup de foudre lors de sa rencontre avec son futur mari et futur-ex, mais à faire payer à l'innocent d'alors sa trahison future. Camille redouble

A vrai dire, le charme irrésistible et ultime du film est de retrouver l'essence de ses années lycée sans en subir les contraintes du présent, de proposer un bilan existentiel sous la forme d’une ballade sentimentale restituant le parfum d’une époque. La réalisatrice assume jusqu'au bout l'idéalisation du passé. Il y a comme une magie dans les retrouvailles avec les parents, les copines, la chambre d'ado tapissée de photos d'acteurs, les fringues, le vélo, le walkman... mais aussi les garçons, les profs. Camille redouble Mais pour autant, il offre aussi une version « propre », « claire », éloignée, distanciée du présent indéchiffrable vécu par les ados. C'est bien une comédie ravageuse entièrement fondée sur le décalage entre l’ordinaire d’une vie d’ado et l’extraordinaire de la perception qu’en a cette quadra magiquement téléportée dans son passé.

Conclusion : au Masque (23 sept. 2012), ils sont unanimes : « Le meilleur film français de l'année, il hisse la Comédie française à un niveau extraordinaire. C'est un film inclassable, une comédie mais avec beaucoup d'émotion, très touchant et très intelligent, un voyage dans le temps... »
Bref, ce film nous parle à tous parce que son objet est universel. Il fait preuve de pétillance dans sa mise en scène et maintient un état de grâce jusqu'au bout. Derrière la comédie nostalgique, il est possible de retrouver la liberté adolescente et de faire revivre le passé. On pleure et on rit ; on rit et on pleure.

Camille redouble de Noémie Lvovsky avec Noémie Lvovsky... Un très beau casting : Samir Guesmi, Yolande Moreau, Michel Vuilllermoz, Denis Podalydès, les interventions de Mathieu Amalric et de Jean-Pierre Leaud...

Crédits photos : © Gaumont Distribution.

Paulette

Une peinture sociale à la Zola moderne...

Paulette Ça démarre glauque dans une cité ouvrière du 9-3, plongeon dans la misère, faire les poubelles, les huissiers... Ça met en scène un personnage qu'on n'attend pas, une vieille Tatie Danielle... Quand soudain, un pain de haschisch tombe du ciel, un pain de chichon qui atterrit dans son giron, une vraie aubaine...

On a un peu peur des clichés, des stéréotypes, de l'humour lourdingue... On a un peu peur du film archétypal de banlieue où " un précipité d’humanité déchue fait son quotidien des ascenseurs en panne, des graffitis obscènes dans les escaliers, des boîtes aux lettres défoncées et des odeurs d’urine dans les parties communes " (L'Humanité).

Et puis ça se décante, on se laisse prendre, on souscrit !



Tout se joue autour de Paulette, env. 70 ans, ancienne pâtissière et veuve de 10 ans, dépassée par le métissage même en ayant toujours vécu en banlieue, très vieille France profonde, acariâtre, aigrie, détestant tout le monde... recyclée en dealeuse pour joindre les deux bouts.

Ce qui donne lieu à des répliques savoureuses :
" - Vous avez la Maréchaussée aux fesses
" - la quoi ?
" - les keufs ! "

Notamment à propos du racisme, par exemple au parloir, en allant se confesser à la messe :
- "Père Baptiste, j'ai pêché. J'ai pêché en balançant des cafards dans la bouffe des Niakwés qui ont repris mon restaurant. Faut me comprendre, faut que Dieu me comprenne aussi. Ces "Niakwés", ces "Bougnoules", ces "Négros" qui ont envahi la France ; ils nous ont volé notre travail... ".
- "Il ne faut pas vous laisser envahir par la haine et la colère, elles sont toujours mauvaises conseillères".
- "Mais je ne parle pas de vous Père Baptiste, vous mériteriez vraiment d'être blanc. Non, je parle de Bamboula..." en référence à la chair de sa chair, encloquée par un Noir.

Paulette
Photo Bernadette Lafont, Pascal N'Zonzi. Copyright : © Gaumont Distribution.

Bernadette Lafont, qui incarne Paulette, est assez impressionnante. Elle a du peps, une verve, un bagout, un physique, une tronche... elle est abîmée, détruite et marche de travers ! Faut dire qu'elle a commencé à 19 ans au cinéma en 1957 avec Truffaut puis Chabrol, Eustache... Alors elle a de la bouteille et là, ce rôle correspond complètement à son âge.

Plus les personnages sont dans la mouise, plus ils doivent faire preuve d’ingéniosité pour simplement survivre. Plus le film est noir, ce qui ne veut pas dire désespéré, plus la comédie a de chances d’être réussie. On peut dire que c'est "affreux, sale et méchant" en référence à la comédie italienne d'Ettore Scola (hé oui, je répète comme un perroquet car je n'ai pas vu cette œuvre mais je l'avoue, c'est juste pour me la péter plus intello, plus cinéphile, plus "critique" quoi !) mais aussi désopilant. Sans nier le fond social intense, qu'est-ce qu'on rit !

Que d'énergie, idéal contre la déprime du dimanche soir !!

Paulette, de Jérôme Enrico. France. 1 h 27.

lundi, février 4 2013

Donnez une seconde vie à vos tickets restau périmés !!

Si comme moi, vous vous êtes fait avoir le 1er février, à vouloir, la bouche en coin, l’œil hagard mais néanmoins ensorceleur, larguer votre ticket restaurant périmé, comme ça, sans en avoir l'air, comme si de rien n'était... et que vous vous êtes fait découvert, boulé, que vous avez pris un gros revers, un gros refus, un gros vent... "On ne prend pas, on ne prend plus, c'est écrit là-derrière... !"

Alors, vous réagissez, d'abord innocemment : "Ah bon, on est le 1er février ? Et alors ? Ça change quoi ? Entre le 31 janvier et le 1er février, quelle différence ? "Non, on ne le prends, pas, c'est périmé, on ne nous les acceptera pas". Wohhh, allez, cessez de blaguer, quittez ce petit ton et donnez-moi mon sandwich ! Quoi, vous êtes vraiment sérieux ?

Don de tickets restau périmés
Bon, là, j'sais pas pourquoi mais je perds mon sourire, je perds ma patience, ils m'énervent tous ici alors que j'viens leur acheter depuis x années leur putain de sandwich pourri et leur salade qui réduit à vue d’œil d'année en année, inversement proportionnellement à son prix... C'est comme ça qu'on récompense ma fidélité ? Non mais là, ils exagèrent quoi ! Ils vont bien me le prendre ce putain de ticket ! Quoi, non, vraiment pas ? Je me montre vexée, outrée, énervée, et franchement, je ne dis rien mais j'en pense pas moins... allez, in extremis, je retente un dernier œil roucoulant... limite, il sort de son orbite tellement j'suis motivée. Ok, rien n'y fait. Ahhhhh, en théorie oui, je les comprends et m'en veux même de mon attitude...mais dans mon inconscient, bahhh, je reste vipère et mauvaise : je ne reviendrai pas de si tôt ! Et toc !!

Bon... toute histoire a son pendant, son ombre, son alter-ego, son revers de médaille... Une fois que vous avez fait le deuil de votre pauv' ticket 2012, le deuil du duel acharné dans lequel vous vous êtes montré si piètre contradicteur... hé bien, une seconde vie bien plus glorieuse, généreuse et valorisante et surtout utile, s'offre à vous et à votre ticket restau périmé !

A partir du 1er février 2013, c'est l'occasion ou jamais de vous débarrasser de vos tickets obsolètes en faisant un don. Après tous les refus que vous avez essuyés, figurez-vous que de nombreuses associations caritatives peuvent encore les récupérer : Action contre la faim, les Restos du cœur, le Secours populaire ou encore la Croix-rouge, etc. ! L'intégralité de la valeur du titre repas est alors transformée en don.

Comment s'y prendre ? Suffit d'envoyer votre(vos) ticket(s) par voie postale à l'association de votre choix sans oublier d'inscrire votre nom au dos du chèque, afin d'éviter les détournements.

Et hop, on commence l'année avec une bourde qui tourne bien !

jeudi, janvier 31 2013

La fête des reines

2013, 7 janvier, ma première galette des rois de l'année !

A vrai dire, c'est un peu comme les vœux de bonne année, on a un mois pour s'en foutre plein la panse ; c'est le principe non, d'en être écœuré au point d'attendre sans trop d'impatience l'année suivante.
Celle-là donc, la première pour moi, fut apportée par Louisa un midi au taf et c'est moi, étonnamment, qui ai obtenu la fève ! Bon, c'est un cadeau, un met généreux... et gras, une offrande ; faut savoir humblement repérer, identifier, interpréter, s'approprier tout signe... et là, pas d’équivoque, c'est un signe, des plus positifs, c'est moi la reine !! Youpiii ! Y a pas à chercher, y a pas de superstition qui tienne, c'est comme ça, c'est pour moi, rien que pour moi ! Je suis une belle serpente (hé oui, c'est aussi l'année astrale chinoise ; soyons multiculturels !) couronnée d'or et l'année 2013 ne peut donc démarrer que sous de bonnes augures... Moi, l'épiphane du jour, y investis tous mes espoirs en une vie, un monde, meilleurs... Rien que ça oui !

Fête des Reines - 7 janvier

En fait, tout cela m'amuse beaucoup car, malgré ma piètre culture religieuse, je crois tout de même savoir que si l'Épiphanie désigne aujourd'hui une fête chrétienne qui célèbre le 6 janvier la venue du Messie incarné dans le monde et recevant la visite et l'hommage des rois mages (merci Jacques Higelin pour m'avoir fait connaître et retenir leurs noms grecs : Balthazar, Gaspard et Melchior !), c'est d'abord et avant tout un mot d'origine grecque dont l'utilisation est antérieure au christianisme.
Les «Épiphanes» sont, en effet, déjà dans la culture grecque, les divinités qui apparaissent aux hommes. L’Épiphanie, n'est autre à l'origine qu'une fête païenne, faisant partie du cycle de Noël et célébrant la Lumière (oui oui, la nuit du solstice, la plus longue de l'année, qui annonce le rallongement des jours et, par extension, la renaissance de la lumière censée être à l'origine de toutes choses). L’Épiphanie célèbre la fin de ce cycle intervenant le 6 janvier, au moment où les jours commencent à s'allonger de façon sensible, comme la manifestation de la Lumière. D'ailleurs, la galette, par sa forme ronde et sa couleur dorée, symbolise le soleil.
Et voilà une symbolique païenne que le christianisme a repris en assimilant la lumière au Christ, puisqu'il est annoncé comme étant « la parole qui éclaire le monde ».

Ce qui me plaît plus encore, c'est l'origine tout aussi païenne de l'Épiphanie qui correspond, sous l'antiquité, aux Saturnales que les Romains fêtent durant 7 jours pendant lesquels la hiérarchie sociale et la logique des choses peuvent être remises en cause et même renversées. Les rôles étaient alors inversés entre les maîtres et les esclaves qui devenaient les «rois d'un jour». Dans la tradition populaire, c'était l'occasion de "tirer les Rois"... mais ohlala, qu'allez-vous donc imaginer, esprits mal placés, c'est juste l'occasion de devenir le roi de la journée si l'on découvre dans sa part de galette la fêve/la figurine qui y a été spécialement cachée ! D'ailleurs, chez les Romains déjà, la tradition voulait que ce soit le plus jeune enfant de la famille qui se glisse sous la table et désigne la part revenant à chaque convive. En France, depuis le XIVe siècle, on mange la galette des Rois à l'occasion de cette fête et la tradition veut que l'on partage la galette en autant de parts que de convives, plus une (« part du Bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du Pauvre »). Selon l'usage actuel, la personne ayant dans sa part la fève est symboliquement couronnée roi ou reine et doit offrir la prochaine galette !

Pas de sexisme qui tienne non plus et moi j'appelle tout ça la "fête des Reines" ! Et pourquoi pas, après tout ?? En tant que bonne épiphane, reine et serpente du jour, qui se respecte, j'ai tenu mon rôle, la coutume et la tradition... rien que ça, et j'ai donc offert la prochaine galette des Reines !
Nous sommes rendus au 12 janvier... tiens tiens, le jour de la Sainte Tatiana. C'est un samedi et, a priori, j'ai dû aller au taï le matin... quoi que cette année, rien n'est moins sûr, un pneu dégonflé, un bus râté et oups, un gros loupé... Quoi qu'il en soit, c'est un jour mémorable que je m'honore à fêter ! Ça tombe bien, j'ai récupéré la veille à mon taf, tout un tas de restes d'un repas Fauchon-traiteur. Alors, avec Bertrand, on s'arrose ça comme il faut et on conclue notre orgie par une bonne galette des Reines apportée par mes soins... et attention, j'ai choisi exprès la galette ayant remporté le prix de la galette dans je ne sais plus quel canard gratuit du matin comme étant celle avec le meilleur rapport qualité prix : pas trop grasse, pas trop chère, j'ai nommé la galette Picard !
Là, mis à part le festoiement de ma sainteté, nous fêtions également le nouveau joujou de Bertrand (mettre un lien vers billet R2D2). Mmmm, que j'aime ces petits samedis après-midis, emprunts de discussions, parfois brumeuses...
Et là, dingue, ô miracle, je gagne encore la fève !! Pfff, c'en est désopilant... les astres, le sort, les dieux, tout est POUR moi ! Je veux partager mon succès... j'offre ma prochaine galette !

Fête des Reines - 31 janvier

On en arrive à ma troisième et dernière galette des reines de l'année, le 31 janvier ! Hé oui, là encore, c'est comme les bons vœux, on a encore le droit de manger la galette jusqu'au 31... après, c'est sacrilège. C'est encore chez Bertrand que cela se passe. R2D2 a fait des siennes et c'est tout à son honneur et celui de Bertrand ! Belle soirée avec Bertrand et Christine, le trio gagnant. Je gagne encore la fève. Incredible ! Unglaublisch ! Qu'en déduire... je n'ai pas le droit de laisser aller cette année 2013 de travers !

Fête des Reines - 3 fêves

En aparté, quelques mots de vocabulaire que j'ai appris en gagnant la fève à trois reprises :
Placenta : mot latin qui signifie gâteau ; en néerlandais, placenta se dit moederkoek littéralement le-gâteau-de-la-mère... BEEERRRKKKK !
Fabophilie : collection de fèves des Rois.

{Source : Wikipedia}

mardi, janvier 22 2013

Bonhomme de neige ou mon expérience de Land art !

Mon bonhomme de neige sur la finEt voilà, sans le savoir vraiment, en créant mon bonhomme de neige, j'ai fait du Land Art ! Ben oui, du Land Art, de l'art contemporain quoi mais surtout de l'art éphémère !

J'ai effectivement réalisé une œuvre d'art (ma création) dans la nature (tout est relatif...) avec des éléments naturels (la neige, des fleurs séchées et une carotte) lesquels sont périssables ou, en tous cas, évoluent avec les saisons et les aléas climatiques (l'épisode neigeux qui a submergé très "éphémèrement" la France).

Mon œuvre se situe bien à l'extérieur (sur le rebord de ma fenêtre), exposée aux éléments et soumise à l'érosion naturelle (la pollution ?). Elle est vouée, à brève échéance, à la disparition sous l'effet d'une température trop élevée.

Mon œuvre va disparaître mais son souvenir restera à jamais gravé dans ce blog ! Outre mon texte, ce sont mes photos qui la feront connaître.

Mon bonhomme de neige sur la fin 2J'ai aussi consciencieusement utilisé des produits manufacturés pour lui donner plus de caractère et lui assurer un minimum de tenue (capsules de bière) et de protection (lunettes de soleil et bonnet).

Jusque-là, tout colle avec la définition du Land Art !!

Le hic, il en faut bien un au moins, c'est que mon œuvre n'est ni gigantesque ni éloignée des centres urbains... mais bon, tout le monde n'a pas la chance de bénéficier d'un terrain adéquat comme le Nevada, terre des pionniers Land Artistes...

Alors môa, j'dois bien faire avec ce que j'ai et où je suis, alors je fais petit et urbain mais c'est faire qui compte, non ? Bon, de toute façon, ce n'est pas un critère rédhibitoire.

J'ai donc, par cette expérience liée au monde réel, cherché à lier l'art à la vie. Par là-même, j'ai souhaité exprimer mon refus de produire une valeur marchande vouée à une élite et destinée seulement à être admirée dans des musées (vous imaginez mon Bonhomme de neige en tournée mondiale de Beaubourg au MoMA ! Non non, il a fallu respecter le caractère timide et pudique de mon Bonhomme de neige et laisser mon œuvre dans son entière confidentialité... mais le blog va réparer ça !)

Mon Bonhomme de neige en phase terminale. Mon Bonhomme de neige en fantôme. Il a perdu sa tête. Mon bonhomme de neige n'est presque plus.
Paix à son âme !

L'histoire du Land Art débute en octobre 1968 avec l'exposition intitulée Earth Works, à la Dwan Gallery à New York. Avec la publication de son essai The Sedimentation of the Mind: Earth Projects en 1968, Robert Smithson s'impose comme le théoricien du Land Art et devient la figure emblématique de cette tendance artistique.

Oeuvre de Land Art By Sculpture: Robert Smithson 1938-1973 Image:Soren.harward at en.wikipedia Public domain or CC-BY-SA-2.0 (http..., via Wikimedia Commons

(☃) Voir aussi : Bonhomme de neige éphémère,
(☃) Voir aussi : Bonhomme de neige ou de l'art éphémère,
(☃) Voir aussi : Enfin, un peu de blanche !

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